Témoignage de :

Moutons noirs et condescendants

29 août 2021

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Aujourd’hui, je suis triste. C’est la première fois depuis le début de cette « pandémie » que ma tristesse atteint cette intensité.

Au commencement, il y a plusieurs mois, j’ai ressenti de la peur puis, une colère énorme. Aujourd’hui, c’est la tristesse qui prévaut.

La tristesse, cette émotion qui nous permet de prendre conscience que nous avons subi une perte. Tristesse qui nous met face à notre impuissance à trouver une solution, impuissance à avoir le contrôle sur la situation. Elle nous indique qu’il va falloir apprendre à faire face, à avancer sans ce que nous avons perdu. Je suis triste car je suis loin de mon île et grâce à cette distance, je prends conscience de l’immensité de la perte que nous traversons.

Oui, nous perdons des êtres chers parce que la mort amenée par cette maladie les emporte. Mais nous perdons aussi des êtres chers qui ne meurent pas. Ils restent vivants mais s’éloignent, disparaissent de notre cœur et de nos vies.

Je suis triste de voir ce clivage de plus en plus prononcé qui entraîne une scission que je n’ose même plus espérer remédiable.

Pourquoi devrions-nous nécessairement choisir un camp ? Je dois vraiment être une licorne pour espérer et croire en un monde arc-en-ciel ! Il n’y a pas que le noir ou le blanc : il y a aussi le rouge, le vert, le jaune, le rose… Il n’y a pas que oui ou non : il y a peut-être, je ne sais pas, c’est possible… Il n’y a pas qu’en bas et en haut : il y a aussi au milieu, sur le côté …

Tellement d’émotions me traversent, mais aujourd’hui c’est la tristesse qui prend le dessus car la perte que je perçois à l’heure où je parle, est une perte vécue par bon nombre d’entre nous. La perte de ce qui a pu fonder ce que nous sommes : la valeur que nous accordions aux relations que nous avions. Nous fréquentions ces Autres et nous pensions les connaitre, nous étions persuadés qu’ils regardaient dans la même direction que nous. Or, nous constatons avec effroi, tristesse et/ou déception qu’ils regardent et avancent dans une direction diamétralement opposée !

Est-ce que cela doit signifier l’arrêt de toute collaboration, amitié ou relation ?

L’autre a construit ses croyances dans l’intimité de ses expériences passées, de ses valeurs inculquées, de ce qu’il a vécu et qu’il vit jour après jour. Et ces croyances bougent, vivent et évoluent puisque demain n’est jamais identique à aujourd’hui. Alors, il est normal et plutôt sain que nous n’ayons pas les mêmes. Pourquoi alors les confronter en essayant de dégager celui qui a tort ou raison !

Personne n’a complètement tort.

Personne n’a complètement raison !

Tu as tendance à croire que le vaccin te protège, parce que tu as peur ou parce que tu as foi en certains scientifiques qui l’affirment, ou peut-être parce que tu ressens que c’est ainsi. Libre à toi.

Accepte que l’autre puisse croire que le vaccin ne protège pas, parce qu’il a peur ou parce qu’il croit en d’autres scientifiques qui l’affirment également.

Et entre ces deux groupes il y a tous ceux qui ne savent pas que croire, qui croire… et qui ont juste peur. Ils sont anxieux car ils ne savent plus comment avancer dans cette multitude d’informations contradictoires.

Je reste persuadée, et ça c’est ma croyance qui n’a pas valeur de vérité, que chacun doit faire de son mieux pour écouter sa petite voix intérieure, celle qui sait ce qui est bon pour lui. Et pour cela il faut prendre le temps d’être au calme avec soi, écouter, observer, être attentif à ce que l’on ressent. Pour le moment, si pour toi il faut être dans l’action, alors sois dans l’action mais n’exerce pas de pression sur moi pour que je le sois, si pour ma part, j’ai besoin d’être au calme dans ma bulle. Le bon sens de l’un n’est pas celui de l’autre : chacun va dans un sens et il devient le bon parce qu’il est bon pour lui …mais peut-être pas pour toi.

Je suis triste et fatiguée de voir, de lire, d’entendre tous ces « sachants » pétris dans leur arrogance condescendante, asséner leurs croyances suffisantes comme des vérités supérieures. Fatiguée de les voir traiter leurs compatriotes de moutons, d’idiots ou de tèbès ! Fatiguée de voir à quel point ils crachent sur ceux-là mêmes qu’ils embrassaient hier encore !

C’est pathétique.

Car la seule chose dont nous pouvons être certain : C’est que nous ne savons rien. Ni vous, ni moi ne pouvons être certain de quoi que ce soit !

Un peu d’humilité, d’humanité c’est ce qu’il nous faudrait pour revenir à cette solidarité, ce « yon a lot’ » qui a pu faire notre fierté. (Dois-je en parler au passé !) À l’heure où l’on nous demande d’avancer masqué, de se laver les mains et de rester à distance les uns des autres, ouvrons donc notre cœur et revenons à l’essentiel : Ne masquons pas notre Humanité.

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