Témoignage de :

Victime collatérale

30 mars 2021

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Tout en étant en colère contre ces mesures stupides dès le début, je n’étais pas trop mal lotie dans ma vie de tous les jours : grande maison, grand jardin, deux grands garçons qui vivent leur vie, mari et moi en télétravail depuis des années, petite ville qui ressemble à une ville sous couvre-feu même en temps normal, vacances en Bretagne et dans le Cantal entre les deux confinements au moment où les masques n’étaient pas encore obligatoires partout.

Mon mari, sceptique mais moins obsédé que moi, disait que puisque nous n’y pouvions rien, il fallait s’intéresser à autre chose que le covid. Tant que nous étions ensemble, une vie paisible et heureuse.
Puis, fin janvier mon mari est tombé en vélo : fracture de la hanche, prothèse complète.
Il est entré à l’hôpital lundi, a été opéré mardi, devait sortir jeudi. Petite fièvre pendant la nuit, rien de plus banal après une opération mais le médecin voulait le garder en observation jusqu’à lundi.

Au lieu de trois nuits donc il y est resté sept. Seul dans sa chambre, impossible de dormir, infirmières masquées, et surtout VISITES INTERDITES.
Je l’appelle plusieurs fois par jour mais la solitude et l’insomnie ont fini par avoir raison de sa santé mentale...

Le médecin est malveillant et ne le laissera jamais sortir. Les infirmières sont en colère et vont lui confisquer son téléphone ; l’équipe soignante lui en veut d’avoir pris son vélo alors qu’il faisait – 2, leur donnant ainsi tout ce travail en période du covid...

A priori il n’était pas quelqu’un de fragile psychologiquement, mais une semaine à l’hôpital sans stimulation aucune, a sans doute réveillé des angoisses d’enfance : abandonné par son père, élevé par sa mère souvent mécontente, beaucoup de claques injustifiées.
Papa parti, maman fâchée, petit garçon puni. Il avait peur d’être puni...

Il sort lundi, comme prévu initialement

Mardi il se met en tête qu’il a attrapé le covid et Alors, qu' il va le transmettre à l’infirmière à domicile qui doit passer dans la matinée. Et elle, à son tour, le transmettra à tous ses patients, et il sera incarcéré comme tueur de masse.
Encore cette peur d’être puni...
Je ne le prends pas au sérieux et sors pour faire quelques courses.

En rentrant je le trouve allongé sur le lit avec un sac en plastique sur la tête attaché avec un cable éléctrique. Il s’est suicidé...

Un accident de vélo et une semaine plus tard il est mort. Victime collatérale du covid.

Maintenant je vis seule dans cette grande maison avec son grand jardin dans la petite ville sous couvre-feu où les garçons qui vivent toujours leur vie viennent me voir de temps en temps. Qu’est-ce que ce gouvernement va nous imposer encore comme mesures sanitaires ? Et jusqu’à quand ?
Je me sens beaucoup moins courageuse pour faire face à la situation depuis que je suis veuve.

Jane C

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