Bonjour,
Je ne suis pas infirmière, ni médecin, ni statisticienne, encore moins spécialiste des virus, des microbes, des sciences en général, sauf celles du langage (un peu). Mais je sais tricoter (un peu), lire, penser, m’interroger, confronter des points de vue. Je fus professeure de Lettres et de Latin, maintenant, je suis rédactrice Web.
Je me dépêche d’écrire, parce qu’il parait que 400 000 d’entre nous seront morts d’ici pas longtemps, si on ne fait rien pour enrayer la pandémie, si on continue à faire nos « sales têtes de pioche », à s’étonner de certaines décisions de nos gouvernants (qui semblent avoir du mal à affronter la contradiction, pour leur part !) et si on s’entête à refuser, pour une majorité d’entre nous, à nous faire vac**iner servir de cobaye. Même quand on sait que, de toutes façons, on va tous mourir un jour, ça fait peur…
Non, je plaisante. Même pas peur !
Le fait de mourir est une condition à la vie que tout être vivant se doit d’accepter pour pouvoir continuer à tenir sa place parmi les sujets et les objets du monde, en avançant chaque jour, avec la somme de chaque petit bonheur quotidien et celle des chagrins que l’on s’imagine insurmontables, mais que l’on finit toutefois par dépasser, même s’ils demeurent en filigrane, comme une improbable cicatrice.
Exemple de petit bonheur : aujourd’hui, à l’heure où je commence à écrire ces lignes, le brouillard s’est enfin dissipé, il fait beau et je vois la mer depuis mon bureau.
Exemple de chagrin : il y a trois semaines, c’était la date anniversaire du décès de mon papa. Je suis allée chaque jour au cimetière, et j’avais cette idée, qui tournait en boucle chaque jour de cette semaine, qu’on aurait dû lui mettre une couverture dans son cercueil parce que, les derniers temps, il était très frileux. Je me suis mise à penser cela (ce regret inutile qu’on aurait dû lui mettre une couverture dans son cercueil) alors que cela fait déjà un an qu’il est mort, et que, de toutes façons, il est mort et ne ressent plus le froid. Cette drôle de pensée ne m’avait pas effleurée avant. En fait, c’est moi qui avais froid ! J’ai froid depuis la soi-disant reprise ou seconde vague du virus.
Je rassure aussi les lectrices et lecteurs de ce texte : mon papa (89 ans) n’est pas une des premières victimes du Covid : il a eu la délicatesse de mourir avant, en novembre 2019 et d’une autre pathologie. Heureusement, parce que, perdu comme il était dans les brumes de son cerveau autrefois si brillant (maladie à corps de Lewy), si on n’avait pas eu le droit d’aller lui tenir la main, de caresser son front, de l’accompagner pendant les dix jours qu’a duré son hospitalisation avant sa mort, nous (nous = lui et nous, sa famille) aurions vécu un enfer et lui se serait senti abandonné sans rien comprendre. J’imagine dès lors et sans peine la détresse des familles et des mourants dans les hôpitaux ou les EHPAD quand la France a été confinée au printemps et que plus personne n’était admis dans les services, même en prenant des précautions. Ce fut une période cruelle et violente. Nous n’en sommes pas encore sortis, malheureusement, car nous continuons à nous laisser diriger, voire berner, comme si nous n’étions qu’un troupeau grégaire.
A suivre,
Marie-Pierre L. Citoyenne