Les Chroniques Réinfocovid

Stockholm 5 , février 2021. Rencontres

Je suis comme un poisson dans l’eau dans ce pays où l’anglais est la deuxième langue naturelle des Scandinaves.

Les rencontres s’enchainent jour après jour, au fil des tablées, des goûters, des pauses dessinées ou contemplatives.

Invariablement, la première question est : D’où viens-tu ? Cette ville cosmopolite draine tous les accents de l’anglais, difficile de savoir d’où provient son interlocuteur.

S’ensuit la même question, après la réponse : I’m from France : pourquoi viens-tu en Suède? Et inévitablement, j’expose les raisons qui m’ont conduites ici. Et la difficulté pour ces Suédois épargnés par la folie sanitaire d’imaginer ce que Français, Belges, Allemands, Anglais, Italiens vivent, ce que les Espagnols ont vécu et surtout lorsque je décris la réalité des enfants masqués, des femmes enceintes masquées, j’ai droit à un regard choqué, une incompréhension et une attitude scandalisée, tellement légitimes.

Et presque toujours, une déclaration de gratitude au gouvernement suédois qui a tenu tête aux critiques des voisins immédiats et aux pressions de l’Allemagne, la Suède qui n’a jamais confiné, qui a laissé vivre et respirer son peuple, sans avoir de plus mauvais résultats que la France, un des pays d’Europe les plus répressifs envers sa population depuis mars 2020.

 

Petit restaurant, vendredi 5 février, sur Slussen dans Gamla Stan.

J’entends parler français. Quatre jeunes gens, trois garçons et une fille, évoquent leurs merveilleuses vacances ici et doivent rentrer chez eux en Suisse. Manifestement ils sont montés tout au Nord, ont vécu des moments inouis, et sont terrorisés à l’idée de rentrer en Suisse. Comment contourner les restrictions d’entrée dans leur pays (quarantaine obligatoire en arrivant d’après ce que je comprends et ils ne veulent pas subir le test). Ils sont tiraillés entre le devoir civique et le désir impérieux d’échapper à cette dictature sanitaire. Ils échafaudent des plans en pensant passer par Annecy. Nous sympathisons, moi c’est ma première journée, je sens une solidarité francophone. Un Français typé, la cinquantaine, équipé d’un gros sac à dos et de solides chaussures de randonnée se joint à notre conversation. Lui aussi revient du grand Nord, émerveillé, et improvise. Il est en exil, et se laisse porter par les événements. Nous réalisons que nous sommes six naufragés échoués en Suède, ultime terre de liberté en Europe. Les quatre jeunes Suisses, équipés comme des montagnards, très heureux dans cet élément hivernal qui perturbe la méditerranéenne que je suis, me saluent en partant et me souhaitent bonne chance avec un grand sourire.

 

Plus loin, je tombe par hasard sur l’embarcadère de la ligne des bateaux-bus pour Djurgården et Skeppsholmen. Un couple de Français d’origine antillaise très amoureux et en vadrouille pour le week-end à Stockholm. Qui savoure ces instants brefs de liberté et me recommande d’aller chiner dans Gamla Stan.

Je prendrai le bateau suivant, une dame suédoise très âgée à qui je demande confirmation de la destination, me fuit comme la peste : je ne respecte manifestement pas la distance de rigueur et suis un danger potentiel (ah oui, c’est vrai, il y a des gens qui ont peur en Suède aussi). Le dernier jour de mon séjour, une toute petite dame encore plus âgée, me voyant perdue avec mon plan, viendra à ma rescousse, me demandera dans quelle langue je souhaite parler, elle-même parlant couramment 6 langues, dont la mienne (mais reconnaissant qu’elle excelle surtout en suédois, et encore mieux en hongrois, sa langue maternelle). Cette charmante petite fée polyglotte m’attrape le bras, et nous cheminons toutes les deux bras dessus, bras dessous jusqu’au magasin de triathlon de mes rêves. Et oui, c’est bien ici que je trouverai le matériel adéquat pour nager en eau vive, la France ayant condamné ses piscines sine die… bon, voilà des personnes d’âge vénérable bien affectueuses, quel bonheur!

 

Deuxième soir, dans Kungsholmen, près de mon hôtel. Une brasserie-pizzeria, très animée. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes, on s’y sent bien, une douce chaleur et le plaisir de quitter sa grosse parka et de se prélasser dans un fauteuil. Un serveur avenant me conseille et je vais dévorer une énorme pizza avec un excellent vin italien. Le verre est à neuf euros, mais le simple fait d’être dans une brasserie pendant que les restaurateurs sont au bord du suicide dans mon pays, me fait oublier le prix de tous ces vins importés. Pourquoi des actes aussi simples et aussi naturels sont-ils prohibés ailleurs. Pour quel résultat ???

En fin de repas une jolie serveuse brunette vient me demander si j’ai apprécié. Pas suédoise du tout, mais méditerranéenne à tous les coups, presque mon gabarit. Ô oui, j’ai adoré. Elle est ravie de savoir que je suis française. Elle me dit qu’elle est Serbe et très vite elle se déchaîne. Elle est furieuse que le gouvernement suédois ait limité l’accès à quatre personnes par table et ferme les restaurants à 20h30. C’est horrible me dit-elle : la vie est considérablement ralentie, les restaurants perdent énormément de clientèle, nous perdons nos jobs d’étudiants les uns après les autres, c’est une catastrophe pour les jeunes comme nous qui étudions. J’en ai ras-le-bol de cette dictature sanitaire. Mais au moins, ils ne pourront pas continuer longtemps, parce qu’en Suède, il n’y a aucune aide sociale, pas comme dans votre pays. J’abonde dans son sens, elle sait comment ça se passe chez nous et me regarde droit dans les yeux : Vous savez ce qu’ils ont en tête, ils veulent transformer totalement l’économie et se servent de ça pour nous amener dans leur plan. Puis : Je sais tout, je suis au courant de tout. Elle comprend que nous partageons les mêmes sources. D’un air entendu, elle me dit avant de me quitter : Dans ce monde de manipulations, youve got to be very smart !

 

Daria

Je suis attablée au très beau restaurant-bar du Fotografiska Muset de Stockholm. Je savoure l’exposition que je viens de voir autour du photographe Arno Rafael Minkkinen.

Au dernier étage du musée, une décoration très noire mais chaleureuse, l’omniprésence du bois, le parquet à grandes lattes, de la bonne musique, les immenses baies vitrées donnant sur la mer et la capitale, la lumière dorée de fin du jour éclairant le parc d’attraction désert et couvert de neige de l’île de Djurgården. Un thé bien réconfortant, des pâtisseries à l’avenant. Le peu de consommateurs rend le lieu très paisible. L’entrée du musée est conditionnée à une inscription en ligne sur un créneau d’une heure trente seulement pour limiter l’afflux de visiteurs. On est en semaine, c’est très calme. Je commence à discuter avec la serveuse. Même rituel, pourquoi diable suis-je venue de si loin en Suède ? Nous parlons longuement. Elle est tellement heureuse de voir qu’elle n’est pas seule à ne pas faire confiance aux médias sur la question du Covid et s’indigne de ce discours monocorde sur la pandémie, sur la culpabilisation et la peur entretenues coûte que coûte. Elle réalise que je suis très au courant et s’attriste de ne pas avoir accès à l’information autre que celle des différents gouvernements, surtout celle de son pays, la Pologne. Des clients la sollicitent, elle me dit : «si vous permettez, je veux absolument continuer cette conversation après m’être occupée de ces clients, c’est très intéressant et très important pour moi ».

Elle revient plus tard, me dit qu’elle s’appelle Daria, que ça lui fait un bien fou de rencontrer quelqu’un qui s’informe. Elle cherche depuis longtemps des canaux d’accès à des lanceurs d’alerte. Je lui donne ceux que je connais au niveau international, lui parle du Sommet de la paix post-covid organisé par Astrid Stückelberger à Stockholm précisément, le 19 décembre dernier et lui inscris sur une serviette le nom du collectif international «Doctors For The Truth». Nous nous quittons, heureuses de cette rencontre et de cette discussion qui manifestement lui a beaucoup apporté.

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