« Amis, le printemps nous appelle comme jamais, depuis la plante des
pieds de notre humanité. Il nous prévient d’une montée prochaine et
inouïe de sève, d’un geyser capable de nettoyer notre monde du
cloaque des monstruosités. L’heure n’est plus au goutte à goutte
ni au filet qui chantonne esseulé dans la prairie. Car si la vie ne
rejaillit pas, si la liberté ne se lève pas avec courage, si la peur,
le mensonge et la veulerie l’emportent, nous aurons perdu le fleuve
immense de ceux qui ont osé et la source à laquelle boiront nos
enfants. On ne peut maintenant durablement faire l’autruche et seule
l’unicité nous relèvera, en affirmant notre souveraineté partout,
avec hardiesse. Nul ne peut sans notre consentement nous empêcher de
respirer, de vivre, d’aller librement, de nous soigner en conscience,
de protéger nos enfants, de sortir et d’aimer. Nul ne peut au nom
d’une mystification sanitaire nous parquer et nous empoisonner,
détruire nos emplois et éteindre nos rêves, nous priver de penser et
d’échanger, d’organiser nos vies dans la fraternité. Le crime est
si ancien et perfide que nous nous sommes laissés collectivement et
individuellement cuire à petit feu, sans broncher. Mais c’est bien en
nous-mêmes que couve le printemps. Qu’il peut traverser et rafraichir
notre foi et notre éveil. Nous sommes toute une armée de tournesols !
Ce printemps nous appelle comme jamais, depuis la plante des pieds de
notre humanité jusqu’aux herbes folles qui dansent au-dessus de nos
visages. » Patrick Fischmann, artiste, écrivain