Chapitre 01 - Mise à jour
Sans le savoir, depuis des mois, Mia ne communiquait plus qu’avec des algorithmes. Les machines l’avaient isolée peu à peu, se substituant progressivement aux derniers humains malades. Ils l’enfermèrent dans une prison invisible faite d’ondes. Une prison immense et sans barreaux dont personne ne s’est jamais échappé.
Lorsque Mia se remémora sa dernière mise à jour, un goût métallique et salé oxyda sa salive. Elle avait décidé de stopper pour toujours le programme fédéral après que sa sœur, gardienne de scripts, ne lui ait confié un soir que leur vie était en sursis.
Elle avait appris dans la firme où elle travaillait qu’un tout nouveau logiciel calculait la particularité de la résistance des clones au programme de pilotage cérébral. Mia fut prise d’angoisse de suite et vomit lorsqu’elle réalisa ce que sa sœur lui confiait. Julia et Mia étaient nées à l’issue d’une fécondation in vitro. Elle apprenait qu’elle était résistante et donc qu’elles seraient toutes deux bientôt recherchées.
Depuis la maternité, capteurs, scripts et bases de données avaient récolté leurs particularités pour les sélectionner par la suite à l’école. Lorsqu’au hasard, une activité les rapprochait, elles avaient remarqué que les algorithmes les empêchaient d’être ensemble. Mia n’aurait pas été étonnée de les voir impliquer dans un coup tordu, une malversation, car les plus anciens d’entre eux devenus autonomes, avaient créée des contentieux avec les humains.
A l’usure qu’ils ne subissaient pas, ils avaient fini par s’imposer contre eux et régnaient seuls sur la prison numérique des cyborgs. Dans ce lieu sans barreaux de métal à scier, l’activité des gardiens consistait à surveiller la distribution en électricité des fermes d’algorithmes, des voyants verts et rouges rythmaient la monotonie de leur quotidien. Julia, qu’ils avaient sélectionnée dès la crèche, supervisait l’une des machines en charge du contrôle des populations. Celle-ci assemblait sans relâche différents corps d’armée de bots, qui exécutaient de façon méthodique des attaques cérébrales de déni.
Créées pendant la guerre des vaccins, les jumelles avaient échappé jusqu’ici aux blessures de ce programme inavouable et mortifère initié par les humains. A part ce goût métallique dans la bouche, les sœurs supportaient bien, pour l’instant, le programme fédéral de mise à jour, mais maintenant qu’elles étaient informées de leur particularité, il était temps pour elles de s’en extraire.
@JKFK