Par le Dr Frédéric Schnee, médecin gériatre et médecin coordonnateur
Image à la une “La Penseuse” ©Nicolas Herenstein
« QUESTIONNER – COMPRENDRE – AGIR »
Devise du Collectif REINFOCOVID.
Et dans cette devise, il y a d’abord « questionner ».
Le questionnement fait partie intégrante de notre vie quotidienne, l’usage de la question fait partie intégrante de notre identité d’êtres humains.
Prenez ce simple exemple : vous rencontrez quelqu’un. La première chose que vous faites, c’est de lui souhaiter du bien : « Bonjour ! ». La deuxième chose que vous faites, c’est de lui poser une question : « Comment ça va ? », « Tu vas bien ?… ». Parce que nous sommes des êtres sociaux. Et j’irai même plus loin : nous sommes des êtres empathiques, la Fraternité est appelée à devenir notre destin commun.
Entre individus, la question est donc une porte d’entrée pour établir le contact, pour initier une relation. Elle représente aussi un appel à l’aide. Que ce soit pour solliciter le partage d’une simple information (« Est-ce que vous auriez l’heure svp ? »), ou d’une compétence élaborée (« Vous pouvez me montrer comment ça marche ?… »), la question est toujours un sésame.
À l’échelle des groupes humains, le questionnement représente la pierre angulaire de toute démarche collaborative. Les entreprises par exemple, pour les plus dynamiques et les plus innovantes d’entre elles, ont depuis longtemps intégré l’usage de la question comme un élément fondamental de la culture managériale. En effet, l’usage proactif du questionnement constitue un puissant stimulant pour la créativité et la fluidité des échanges. La cohésion s’en trouve renforcée, et au final la productivité de l’entreprise s’améliore de façon naturelle1.
Quel regard poser sur la question à l’échelle de l’individu ?
Et bien, tout pourrait tenir en un seul mot, un mot complètement magique : Pourquoi
Ceux d’entre vous qui ont des enfants connaissent toute la puissance de ce mot.
Dix fois, vingt fois, trente fois par jour (plus ?!), leur enfant l’a fièrement brandi, tel un étendard de la Connaissance, dès l’âge de 6 ou 7 ans (sans limite d’âge supérieure).
« Pourquoi ? »… Pourquoi résume à mes yeux l’essence de notre humanité : cette volonté farouche de rendre intelligible le monde qui nous entoure, cette volonté de comprendre notre réalité, cette volonté d’accéder à la Connaissance. L’enfant se nourrit du monde qui l’entoure, et sa cuillère, c’est la question. Répondre à ses interrogations, c’est le sustenter, c’est lui offrir des petits bouts de ce monde, et le voir grandir en conséquence.
Donner une réponse à l’autre, cela revient à reconnaître son existence
C’est lui dire : « Je t’ai vu, tu es là ». En ce sens, la qualité de la réponse importe moins que son occurrence. Si vous êtes fréquemment sollicité, notamment dans votre milieu professionnel, vous vous entendez sans doute dire parfois : « Attends, on en reparle toute à l’heure, là j’ai pas le temps ». Ou encore : « Je me renseigne et je te recontacte ». Mais vous avez donné à l’autre une réponse, vous avez reconnu son existence.
Où l’on comprend que malheureusement, refuser sa réponse à quelqu’un qui nous sollicite a l’exact effet inverse : ne pas répondre, c’est comme nier l’existence de l’autre.
Comment nous y prendre maintenant pour étendre le champ de la réflexion à ce contexte contemporain si particulier que nous traversons ?… C’est simple : il suffit d’observer.
Nous vivons dans une société dont les soi-disant représentants ont choisi de s’isoler de nous. Nous le Peuple, d’un côté. Eux, les « décideurs », de l’autre côté.
Les stratégies mises en place, d’une façon strictement unilatérale, sont basées sur la négation systématique de notre droit fondamental au questionnement. Particulièrement quand celui-ci a pour objet les décisions prises par eux, en notre nom à nous. Et la plupart du temps dans notre dos. Dans cette crise présentée comme sanitaire que nous traversons, nos innombrables questions restent invariablement sans réponse.
Le processus décisionnel en place est à la fois simple et archaïque : des technocrates se réunissent à Paris. Ils accouchent de mesures dont le fondement et les buts nous échappent (quoique de moins en moins), engagent une batterie d’experts influençables et influencés pour justifier coûte que coûte les mesures, ainsi qu’une armée de communicants pour les asséner à grand renfort de culpabilisation et de désinformation auprès du public, via des médias partenaires. Hyper efficace. Une machine de guerre.
Mais la robustesse apparente de ce système est un leurre, car il ne tient en réalité que par un facteur clé, qui est aussi son talon d’Achille : la fréquentation assidue quotidienne de ces canaux médiatiques corrompus par le « grand public », phénomène qui connaît son apogée en ce début de 21e siècle. En effet : pas de spectateur, pas de média. Pas de média, et ce qui est préparé « en haut lieu » par les communicants reste « en haut lieu », ne venant plus éclabousser notre « temps de cerveau disponible ». C’est simple, c’est le principe du court circuit.
Dans l’actuelle politique du « toujours pire » assumée, l’usage est copieusement fait d’une propagande visant à mettre en scène des simulacres du droit au questionnement
Un exemple : après une récente allocution d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle était déclarée l’instauration du couvre-feu (interdiction à la population de circuler dans la rue durant une certaine période de la journée) à toute la population française (le dernier précédent en date remonte à 1940 et au couvre-feu imposé par la Wehrmacht), quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que « 73 % des Français se déclaraient favorables au couvre-feu ». Bigre !… Stupéfaction.
Heureusement, sauvé par ma curiosité, je découvrais rapidement ces toutes petites lignes invisibles en fin d’article : « enquête réalisée en ligne le 14 octobre après l’intervention d’Emmanuel Macron selon la méthode des quotas, sur un échantillon de 752 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. » lol.
Donc en clair : quand 752 personnes ont donné leur avis en ligne concernant une décision de cette importance, et bien Mesdames et Messieurs ça y est, la messe est dite. J’attends encore qu’on m’explique par quel miracle 752 personnes pourraient bien se muer en un échantillon représentatif de près de 70 000 000 citoyens2… La citrouille se transforme en carrosse !
Rappelons-nous que si le pouvoir désirait vraiment entendre nos voix s’exprimer sur un sujet aussi capital, et qui impacte aussi profondément nos vies quotidiennes, s’il désirait vraiment nous poser une question du genre « Êtes-vous d’accord avec cela : oui, ou non ? », eh bien il dispose justement d’un outil formidable pour ce faire : ça s’appelle le référendum. À l’heure d’internet et de l’avènement prochain du vote en ligne : on ne peut plus simple à mettre en œuvre.
Question : Vous rappelez-vous à quand remonte le dernier référendum en France ?
Moi non plus3.
Enfin, quant aux incongrus qui dans ce climat orwellien auraient encore l’outrecuidance de continuer à poser des questions, poussés par cet irrépressible et malsain besoin de comprendre, et bien soit, qu’à cela ne tienne : rangeons-les vite dans une case appropriée, créée tout spécialement pour eux !
Un revendicateur qui parle un peu fort ?… Case Gilet jaune. Un questionneur qui cherche où va l’argent (« follow the money ») ?… Case complotiste, svp. Un penseur qui parle d’Amour et d’Esprit ?… Case secte ! Trop facile !
Ainsi va la censure, laissant s’exprimer ces discours différents tout en les ayant au préalable vidés de leur substance aux yeux et aux oreilles de l’opinion publique (N.d.A : celle qui regarde les médias main stream).
Questionner, comprendre, agir
Questionner permet aux humains de comprendre leur monde. Comprendre leur monde leur permet d’entrer en interaction avec lui, et de le faire évoluer. La question, c’est la clé de l’évolution.
D’aucuns tentent aujourd’hui de nous déposséder de ce droit à comprendre, de ce droit à agir, en nous fermant des portes, les unes après les autres, au sein de la société. En tentant de nous isoler les uns des autres. En tentant de nous faire taire.
Mais voilà : cela ne fonctionne pas, mes amis. Mais alors pas du tout.
Et je veux absolument témoigner ici de ce que cela engendre parmi nous. Car ces manœuvres constituent en réalité le plus merveilleux remède qui existe pour réveiller, stimuler, déchaîner l’Alchimie des humains entre eux.
Aujourd’hui nous sommes plus proches les uns des autres que jamais, je le sens. Nous nous réunissons plus que jamais, je le sais. Aujourd‘hui nous sommes ensemble, et ensemble nous exprimons comme jamais ce que nous sommes. Et nous continuerons à le faire, coûte que coûte.
Notre défi n’est qu’un défi d’organisation.
Le temps est venu pour nous tous de nous réapproprier notre Bien, de nous réapproprier nos questions.
Des questions pour s’individualiser : « Qui suis-je, qu’est-ce que j’aime par-dessus tout, et qu’est-ce que je veux défendre dans ma vie ?… »
Des questions pour se renforcer, et cultiver notre indépendance : « Quel est mon degré de liberté actuel, qu’est-ce qui m’entrave, et comment récupérer cette énergie ?… »
Et de nouvelles questions qui émergent en conséquence : « Comment agir efficacement sur ma réalité, comment m’exprimer, comment devenir créateur d’un nouveau monde, plus juste et plus beau ?… »
Vous voulez changer le monde ? C’est le bon moment. 🙂
La mission de REINFOCOVID est de vous aider à le faire.
[1] Alison Wood Brooks et Leslie K. John, « Le pouvoir surprenant des questions », HBRF n° 29 oct nov 2018.
[2] Population française au dernier recensement de 2019 : 66,99 millions.
[3] Le dernier référendum en France date de 2005, sous la présidence de Jacques Chirac.
(traité pour la constitution européenne)