Association entre les déclarations spontanées d’infections Covid-19 et les résultats des tests de sérologie SARS-Cov-2 avec des symptômes persistants parmi des adultes français au cours de la pandémie de Covid-19
Importance
Après une infection au SARS-CoV-2, de nombreux patients se présentent avec des symptômes physiques persistants qui peuvent altérer leur qualité de vie. Les croyances sur les causes de ces symptômes peuvent influencer leur perception et promouvoir des comportements de santé inadaptés.
Objectif
Examiner l’association entre la déclaration spontanée d’infection COVID-19, ainsi que les résultats de sérologie SARS-CoV-2, avec des symptômes physiques persistant (eg. fatigue, essoufflement, trouble de l’attention) en population générale au cours de la pandémie de COVID-19.
Conception, cadre d’étude et participants
Les participants de cette étude épidémiologique sont les 26 823 individus issus de la population française et référencés dans la cadre de la cohorte CONSTANCES et inclus entre 2012 et 2019, ayant pris part aux deux études conjointes SAPRIS et SAPRIS-SERO [1] . Entre Mai et Novembre 2020, un test sérologique ELISA était utilisé pour détecter les anticorps anti-SARS-CoV-2. Entre Décembre 2020 et Janvier 2021, les participants rapportaient s’ils croyaient avoir été infecté par la COVID-19 et s’ils avaient eu des symptômes au cours des 4 semaines précédentes qui avaient persisté pendant au moins 8 semaines. Les participants ayant déclaré avoir eu une première infection au COVID-19 seulement après avoir réalisé le test sérologique ont été exclus.
Principaux résultats et mesures
Des régressions binomiales ont été utilisées pour analyser chaque symptôme persistant comme étant l’indicateur initial pour leur analyse, par des modèles incluant à la fois l’autodiagnostic d’infection COVID-19 et les résultats de tests sérologiques, puis ajustés par âge, sexe, revenu et niveau éducatif.
Résultats
Sur 35 852 volontaires invités à participer à l’étude, 26 823 (74,8%) ayant des données complètes ont été inclus dans la présente étude (âge moyen 49,4 ans (+/- 12,9 ans); 13731 femmes (51,2%)). La déclaration spontanée d’infection était corrélée positivement avec des symptômes physiques persistants, avec risques relatifs allant de 1.44 (intervalle de confiance, IC, à 95%, 1,08-1,90) à 16,61 (IC à 95%, 10,30-26,77), à l’exception des troubles de l’audition (risque relatif de 1.38 ; IC à 95%, 0,76-2,51), de troubles articulaires (risque relatif de 1,32, IC à 95%, 0,98-1,80) et de troubles du sommeil (risque relatif de 1.12 ; IC à 95%, 0.87-1.44). Un résultat positif à la sérologie SARS-CoV-2 n’était associé positivement qu’avec l’anosmie persistante (risque relatif de 2,59 ; IC à 95%, 1,57-4.28), y compris en limitant l’analyse aux participants qui attribuaient leurs symptômes à une infection COVID-19. Un ajustement supplémentaire pour l’autoévaluation de l’état de santé ou de symptômes dépressifs ont produit des résultats similaires. Il n’y avait pas d’interaction significative entre la croyance d’avoir développé la maladie et les résultats de la sérologie.
Conclusions et pertinence de l’étude
Les conclusions de cette analyse transversale d’une large cohorte française issue de la population générale suggèrent que les symptômes physiques persistant après une infection COVID-19 pourraient être plus associés à la croyance d’avoir été infecté par le SARS-CoV-2 qu’à une infection COVID-19 confirmée en laboratoire. De plus amples recherches dans ce domaine devraient prendre en considération des mécanismes sous-jacents qui ne seraient pas spécifiques du virus SARS-CoV-2. Une évaluation médicale de ces patients serait nécessaire pour prévenir des symptômes dus à une autre pathologie et attribués à tort à un « COVID long ».
Références
[1] JAMA Intern Med. 2022;182(1):19-25. doi:10.1001/jamainternmed.2021.6454