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La haute transmissibilité de omicron résulte d’un échappement immunitaire dû à la vaccination
A Retenir
- Une personne non-vaccinée a le même risque d’être contaminée par Omicron, variant devenu majoritaire, qu’une personne doublement vaccinée, mais 2 fois plus qu’une personne fraîchement triple vaccinée
- Par contre, une personne triplement vaccinée à près de 3,7 fois plus de risques de transmettre Omicron que Delta, contre 1,2x pour les non-vaccinés
Présentation de l’étude
Ce récent travail interdisciplinaire (preprint déposé le 27 décembre 2021, [1]) impliquant le Ministère de la Santé Danois a consisté à suivre 11937 foyers danois composés de 2 à 6 personnes. Parmi ces foyers, 2225 comprenaient une personne contaminée par le SARS-CoV-2 variant Omicron, et les 9712 autres comprenaient une personne contaminée par le SARS-CoV-2 variant Delta. Les auteurs ont étudié dans quelle mesure chacune des personnes initialement contaminées transmettait (ou pas) le virus dont elle était porteuse aux autres membres du même foyer. Ces contaminations intrafamiliales ont été étudiées en fonction des statuts vaccinaux à la fois des personnes initialement contaminées et des personnes secondairement infectées.
Ceci a permis de tirer les conclusions suivantes :
1- Une personne non-vaccinée a pratiquement le même risque d’être contaminée par Omicron qu’une personne doublement vaccinée (1,04x contre 1x pour la doublement vaccinée), mais 2 fois plus qu’une personne triplement vaccinée (1,04 contre 0,54 fois).
2- Les personnes non-vaccinées étaient 2,31 fois plus à risque d’être contaminées par le variant Delta que les personnes vaccinées, et 6 fois plus à risque que les personnes triplement vaccinées (2,31 contre 0,38 fois) (Fig. 1).
Figure 1 : Risque, selon le statut vaccinal et par rapport à un double vacciné, d’être contaminé par Omicron (ou Delta). Deux seringues : schéma de vaccinal complet. Trois seringues : rappel (« booster », ou troisième dose).
3- Les personnes non vaccinées transmettent seulement 1,41 fois plus SARS-CoV-2 (quel que soit le variant) que les personnes ayant un schéma vaccinal complet. Ceci est en contradiction avec l’étude de l’institut Pasteur qui avaient modélisée que les non-vaccinés seraient 4 à 10 fois plus contagieux que les personnes vaccinées 2 doses [2].
4- Les personnes doublement vaccinées (qui sont utilisés comme référence dans cette étude) ont 2,6 fois plus de risque d’être contaminée par omicron par rapport au variant delta. Ainsi, de façon inquiétante, une personne triplement vaccinée a près de 3,7 fois[3] plus de risques d’être contaminée par Omicron que par Delta, alors qu’une personne non vaccinée à seulement 1,17 fois[4] plus de risques de l’être (Fig. 2). Cela signifie qu’il y a un échappement vaccinal du variant Omicron : les vaccins sont beaucoup moins efficaces sur Omicron que sur Delta.
[3] 3,7 = 2,6*(0,54/0,38) [4] 1,17 = 2,6*(1,04/2,31
Figure 2 : Risque, selon son statut vaccinal, d’être contaminé par Omicron par rapport au risque d’être contaminé par Delta.
Conclusion
Mises ensemble, ces données démontrent que la vaccination entraîne un échappement immunitaire du variant Omicron, résultant en une importante augmentation de la circulation de ce variant chez les vaccinés par rapport au variant Delta, et ce d’autant plus que les vaccinés ont reçu une troisième dose.
Ceci est confirmé par le fait que les auteurs démontrent que le taux d’infection secondaire (capacité de transmettre le virus) est similaire chez les non-vaccinés pour Delta et pour Omicron (1,17 fois plus élevé pour Omicron que pour Delta), alors que chez les vaccinés/triple vaccinés il est respectivement de 2,6 et 3,7 fois plus élevé pour Omicron que pour Delta. La capacité accrue d’Omicron de se propager par rapport à Delta, ce qui nous est quotidiennement asséné comme une réalité intrinsèque de ce variant viral, est principalement le résultat de l’échappement immunitaire résultant de la vaccination.
Étant donné d’une part le très faible avantage de la vaccination complète sur la protection contre la contamination par Omicron (1,04 fois plus en défaveur des non vaccinés), d’autre part l’échappement immunitaire entraîné par la vaccination et enfin l’effet transitoire de cette dernière, l’intérêt réel du passe vaccinal souhaité par nos politiciens se pose de plus en plus crûment.
Références
[1] F. P. Lyngse et al., “SARS-CoV-2 Omicron VOC Transmission in Danish Households,” Infectious Diseases (except HIV/AIDS), preprint, Dec. 2021. doi: 10.1101/2021.12.27.21268278. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.12.27.21268278v1
[2] P. Bosetti et al., “Epidemiology and control of SARS-CoV-2 epidemics in partially vaccinated populations: a modeling study applied to France” preprint, https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-03272638v2