Témoignage de :

Agir en paix mais avec détermination

24 décembre 2020

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Je suis maman d'un petit garçon de 4 ans, et je ne sais pas comment je vais l'accompagner à grandir dans ce monde où les enjeux de pouvoir, la folie et la bêtise se sont taillé un trône sur l'estrade de notre soumission et de notre paresse.
Je suis comédienne et metteur en scène, et ne sais pas quand je pourrai voir à nouveau les visages d'un public qui vibre avec moi au son d'un texte, au rythme d'une musique, aux pulsations des émotions d'un spectacle.
Ce que je sais, c'est que lire et écouter des discours sensés et intelligents, de bonne foi, savants ou aimants (mais partager son savoir, c'est un geste d’amour, je trouve), sont les choses qui me réconfortent et m'offrent l'espoir que mes petites actions au quotidien ont une valeur car elles s'ajoutent à celles de mes semblables, qui eux aussi, souhaitent agir en paix mais avec détermination pour une vie qui vaille la peine de repousser la mort.

A la sortie de l'école de mon fils, vendredi dernier, une femme s'est arrêtée en voiture en plein milieu de l'allée que traversent les enfants - bonjour la sécurité. Elle était seule dans sa voiture, masquée. Elle a baissé sa vitre, et a lancé vers moi des vociférations que j'ai mis un temps à distinguer tant elle gesticulait. En fait, elle hurlait en boucle "Le masque est obligatoire partout ici, le masque est obligatoire ici" - et elle montrait les environs de l'école en faisant de grands gestes avec les bras. Je lui ai répondu en souriant « Je suis en plein air, je ne suis un danger pour personne", et elle a continué à hurler. Je voyais de la haine dans ses yeux. Puis je suis rentrée chez moi et j'ai pleuré. Puis je suis allée faire mes courses au milieu de tous ces corps sans visages, et j'ai pleuré. Je me suis retrouvée dans ma voiture, et là je me suis dit : "La prochaine fois, je répondrai : « Bonjour Madame. Je vais bien, merci. Et vous, comment allez-vous ? Je vous souhaite une belle journée. »" Car dans ses yeux, ce n'était pas de la haine, c'était un affolement qui cherchait sa cause. C'est tombé sur moi, et ça a dû la soulager un instant. Mais comment a-t-elle survécu au reste de sa journée ?

N.

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