Témoignage de :

Auto confinement

22 mars 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Je suis une retraitée de 65 ans bientôt, vivant à la campagne, dans un petit lieu-dit de 2 maisons, dans le bocage bourbonnais. Depuis 20 ans nous avons profité de la nature de ce qu'elle offre sans compter.
Notre campagne n'est pas montagneuse, nous sommes assez proches d'un gros bourg où l'on peut aller boire un coup, aller au théâtre, au marché, et plus loin, à 30 mn de voiture, une plus grande ville.

Le premier confinement nous a cloués chez nous en plein mois d'avril. 3 semaines de temps superbe, de températures presque estivales, nos maraîchers bio avaient de suite mis en place des commandes en ligne et livraisons à domicile. Le calme dans le ciel, sur la route qui est proche, le silence délicieux des moteurs qui laissent la place aux gazouillis du printemps. On jardine, on cuisine, on jouit du soleil revenu.

C'est à partir du mois de septembre, à l'époque du repli, des inscriptions aux cours de yoga, aux ateliers théâtraux, à la bibliothèque que la gêne est venue : Le manque de lien social a commencé à devenir lancinant mais nous sortions quand même pour aller en famille et quelques amis continuaient à passer, de temps à autre. Lors du second confinement, j'ai commencé à me rendre compte que je repoussais les sorties pour les courses. Puis de plus en plus. Mon compagnon les fait volontiers à ma place et du coup, j'ai beaucoup de mal à m'extirper de ma campagne. Pas envie de voir les gens masqués partout, aucune envie de me museler, ne serait-ce qu'une demie heure. Et j'en arrive à ce constat : sortir de chez moi (j'ai la chance d'avoir un grand terrain de 2 hectares avec un étang, donc une surface telle que je peux m'y promener et largement y trouver de l'émerveillement !) devient une épreuve. Pas par peur de la contagion car je n'ai jamais considéré cette "plandémie" comme dangereuse pour qui a une santé correcte.

Non pas par peur, mais par inconfort : Vu que je vis dans ma bulle rurale, lorsque j'en sors, je suis confrontée à une nouvelle société, à laquelle je ne suis pas habituée. Je n'ai pas de télé et lorsque je me plonge en ville, c'est comme si j'atterrissais sur une planète hostile. Donc je crois que je vais devoir me faire violence pour me forcer à aller un minimum m'immerger en ville, car je suis quelqu'un qui aime les gens, les rapports humains et du coup, je les ai fait glisser sur les réseaux sociaux, ce qui me laisse en manque, bien sûr. Voilà en une année, comment j'ai pu devenir asociale. J'ai l'impression que je ne suis pas la seule, plein de gens qui habitent en milieu rural, isolés, se replient sur leur microcosme.

Christine

Défilement vers le haut