17 septembre 2021
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Lors d’un cours de français à la rentrée, il a été demandé aux élèves de faire leur « auto-portrait avec et sans masque ».
Voici le texte écrit par ma petite fille de 14 ans :
Quand je porte le masque, j’ai l’impression que l’on m’a enlevé toutes mes émotions, que je suis neutre. Je ne me sens pas très bien, j’étouffe, je n’arrive pas à respirer. Quand je me regarde dans un miroir, je trouve que mon regard est violent, noir, sévère. Un regard qui rejette de la haine. Quand je souris, ça ne se voit pas, je suis tout le temps neutre. Normalement je suis toujours joyeuse, toujours le sourire aux lèvres. J’ai peur que les gens me trouvent méchante, froide, repoussante. Le masque cache plus que la moitié du visage. On ne voit que les yeux. Mon regard est glacial. Je pense que c’est l’effet des yeux marron, des sourcils foncés qui reflètent ce regard plein de haine. Je n’aime pas du tout cette image de moi, c’est une contrainte ce « cache-émotion ».
Les moments où je n’ai pas le masque, je me sens libre. Je respire le bonheur. Quand je l’enlève, je prends des grosses bouffées d’air à pleins poumons. Je suis heureuse, mon visage s’illumine. Mes taches de rousseur ressortent sur mon nez fin. Elles sont assorties à mes yeux noisette. Je suis vraiment moi-même. Je n’ai rien sur le visage, rien qui m’empêche de sentir les odeurs si parfumées, si savoureuses à respirer. J’apprécie ces moments-là où je peux respirer à plein poumons la vie. Ça fait si longtemps que je porte le masque que, quand je l’enlève en public (quand je peux le faire), j’ai la sensation d’avoir fait quelque chose de mal.
Une grand-mère inquiète