Témoignage de :

Aux petits phares dans la nuit

29 octobre 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Bonjour,

Je vous envoie ce message. Je ne sais pas si il pourra résonner pour d’autres. Et je vous remercie par avance de m’offrir cette possibilité de poser des mots sur un vécu, des émotions, des doutes, des angoisses, des insomnies, des réflexions. Je ne suis pas soignante ni pompier. Je venais de terminer une formation pour devenir sophrologue quand le doute s'est infiltré. Aujourd’hui il n’est pas question pour moi de travailler avec un masque sur le nez, je ne veux plus jouer à ce jeu morbide. Je ne veux pas voir en face de moi quelqu’un de masqué entrain de s’époumoner dans son masque pour faire des exercices respiratoires qui sont censés être libérateurs. Alors je suis chômeuse pour le moment. Une chômeuse informée qui marche tous les samedis. Une femme qui a peur pour ses proches qui ne voient (regardent) pas ce qui se passe. Et pourtant ça se passe. Ma grille de lecture est terrible. Je vois des morts, beaucoup de morts. De la souffrance. Et peu de gens aux RDV parisiens du samedi. Je vois de la solidarité aussi, des gens actifs, beaux, déterminés. J’ai envie d’être comme eux. Mais je n’y arrive pas aussi bien. Je vois des belles idées qui germent, de la profondeur de champ, de la profondeur d’âme. Des phares dans la nuit. Je vois des courageux aussi. Des Hommes qui tentent quelque chose. Et je remercie tous ces déterminés (les “déter” comme ils disent) qui brillent devant mes yeux mouillés.

Putain c’est pas facile de supporter ce monde. Même si c’est un monde qui s’en va, qui dégage. C’est pas facile d’être entourée de gens qui continuent la vie d’hier sans une oscillation. C’est pas facile de savoir quand les autres ne veulent pas (savoir). Et bien ce monde moi je n’en veux pas. Gardez vos terrasses de restaurants, le plat du jour encodé, le café hydroalcoolisé. Les productions de cinéma accordées par le régime. Les artistes sous pass. La propagande partout, l’information nulle part.

Je rêve de milliers de personnes dans la rue pour dire leur compassion, leur fraternité. Gens du monde, du vivant. Une communauté dansante et chantante. J’aimerais que le changement soit juste une petite barrière à sauter. Une rivière à enjamber et pis voilà. L’autre rive pleine de vie, de joie, de couleurs, de partage. Hé l’univers, tu veux pas m'le peindre ce tableau là ! Steup !

Que chacun garde des forces pour la suite. Et que tous enjambent cette petite rivière. Je souhaite des forces et du cœur à chacun et à tous.
Merci à Bon sens pour ses actions, ses mobilisations. Je vous embrasse les petits phares (dans la nuit).

 

Laurence Lemaire

Défilement vers le haut