Témoignage de :

C’est ça, la réalité de nos écoles, Mesdames, Messieurs

18 janvier 2021

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Si M. Véran, au mois de novembre, peut ramener la réalité des hôpitaux français face au covid à 2 cas de personnes intubées en Île-de-France, pourquoi ne pas faire de même au sujet de l’école à l’aide de 2 témoignages provinciaux sur le port du masque ? Selon l’OMS, l’imposer à une catégorie de la population en bonne santé peut avoir de nombreux inconvénients sur la santé et le bien-être. Pourtant notre autorité politique et sanitaire est claire, «les enfants disposent d’importantes capacités d’adaptation»,… c’est désormais obligatoire. D’importantes capacités d’adaptation à quoi exactement ?

Marie est enseignante remplaçante, elle enseigne à 4 classes différentes. Naïma est animatrice durant les temps périscolaires dans une école avec environ 300 enfants. Elles aiment leur métier, le théâtraliser, l’animer d’expressions faciales et d’émotions. Pour elles, les apprentissages des enfants sont influencés par les émotions et le rapport affectif aux éducateurs et à leurs enseignements. Elles décrivent les mauvaises conditions d’hygiène (masques trempés…), les incohérences des règles (selon les personnes, les établissements…), les problèmes de communication (se reconnaître, s’entendre, se comprendre…), les dangers liés à la santé (respiration, maux de tête…).

Comment l’obligation de porter le masque a-t-elle été expliquée aux enfants ? Le plus simplement possible, selon Marie : « pour éviter les postillons dans l’air et la contamination entre les enfants, qui comprennent très bien et acceptent de mieux en mieux la situation ». Tandis que les adultes l’acceptent de moins en moins (Naïma pense démissionner à la fin de l’année, et Marie se demande quand cela finira-t-il et comment tenir le coup ?). Naïma et Marie sont d’accord sur l’absence d’hygiène des masques chez les enfants et le manque de cohérence des mesures, les soucis de communication engendrés, mais elles n’ont pas le choix. Les sentiments de stress et d’angoisse augmentent, elles ne savent plus ce qui est bien ou pas pour les enfants et pour elles-mêmes, les médecins sont divisés sur le sujet, la société aussi (l’une met le masque seulement car c’est obligatoire, l’autre car cela peut la protéger). Elles disent perdre leur liberté, ne plus savoir que penser. Que peut faire Marie, qui étouffe avec ses 30 élèves dans une classe surchauffée mais n’a pas le droit d’ouvrir la porte-fenêtre à cause du plan Vigipirate, car elle donne sur la cour, qui donne elle-même sur la rue. Elle l’ouvre quand même, mais peut se faire taper sur les doigts… Que peut faire Naïma quand elle voit les enfants perdre leurs masques en jouant, ou mal respirer et se plaindre de maux de tête quand ils courent et qu’elle doit sans cesse intervenir pour les « distancier » ? Elles disent subir l’autoritarisme de l’Etat et devoir le faire subir aux enfants. Elles en ressentent du malaise, de l’inquiétude. « Le masque c’est comme de mettre la main sur la bouche des enfants », dit Marie.

Alors, en tant que citoyenne, mère de famille et ancienne étudiante en psychologie je me pose les questions suivantes : Pourquoi obéit-on à des mesures dont le sens, la cohérence, l’utilité sont controversés et contestables? Pourquoi se soumet-on à l'autorité alors qu’on n’est pas d’accord ?

En psychosociologie, les études sur les phénomènes d’obéissance et de soumission montrent une forte obéissance humaine à l’autorité (notamment maltraitante), malgré les objections de conscience. Cette soumission a plusieurs explications : la volonté de tenir ses engagements (ma hiérarchie m’a ordonné de…), de maintenir une cohésion avec ses choix (le port du masque pour les enfants est arrivé en 2nd temps par rapport au reste du protocole sanitaire), le conformisme avec les personnes autour de soi (si tout le monde le fait… sinon je serais montrée du doigt), la peur de réprimande ou de punition en cas d’insoumission (comme perdre son travail), la volonté de faire plaisir à l’autre (à ceux qui pensent ou semblent penser qu’il faut faire selon les ordres), le confort de l’obéissance par rapport à la résistance (je ne me mets pas en danger), le conditionnement à l’obéissance depuis l’enfance (famille, école…). La peur et la culpabilité, induites dans toute la société par les médias et le gouvernement (car les messages de sécurité, protection, bienveillance tentent de les cacher, mais nous les exprimons tous en ce moment), ne sous-tendent-elles pas ces processus de soumission chez les adultes comme chez les enfants ?

Les études en psychologie du développement montrent que l’identité de l’enfant se construit progressivement par des processus de socialisation et de personnalisation interconnectés. Avec la Socialisation (relations avec les adultes et les pairs), l’enfant s’assujettit progressivement à des règles, à des coutumes, à des représentations sociales (acculturation), en tentant d’analyser et de choisir les valeurs et idéologies de celles-ci (subjectivisation), ce qui lui permet de se situer dans le système des institutions et de s’y conformer. La Personnalisation représente la construction du Moi et passe par des processus de contrôle (coordination et hiérarchisation des conduites du sujet en fonction des nécessités de l’action) et d’innovation (à partir de sa fonction d’orientation, de signification et de valorisation, la personne cherche à innover, à modifier sa propre structure personnelle). La personnalisation est donc un processus psychosocial par lequel l’individu se construit et se développe en tant que personne, ce qui nécessite que l’individu soit en quête d’autonomie, de sens et de signification pour pouvoir se situer dans la société, mais aussi en quête de valeurs, de pouvoir et d’influence afin de contrôler les situations dans lesquelles il se trouve.

Je trouve dangereux, connaissant ces processus, de conforter l’obéissance comme valeur de vivre-ensemble, de museler les objections de conscience, de laisser la peur et la culpabilité (face à une maladie… comme une autre ?)… agir sur la construction de l’identité de nos enfants, c'est-à-dire sur leur bien-être psychique (et sur celui des adultes !). Aujourd’hui, quel est le message de nos institutions ? Quand une règle autoritaire, dont le sens est contestable juridiquement, médicalement et politiquement, est appliquée par tous et renforcée à chaque instant de la journée, quelles valeurs et idéologies sont apportées aux enfants ?

Marie dit « les enfants s’adaptent assez vite, j’ai peur qu’on en fasse des petits moutons ». Les comportements de délation et de conformisme que l’on voit apparaître chez les enfants ne montrent ils pas que ceux-ci sont pris dans le même tourbillon de soumission que leurs éducateurs ? Les règles imposées par la hiérarchie de la société amènent les individus à suivre l’autorité du N+1 : diminution des sentiments de responsabilité face aux nouvelles règles, mais augmentation de l’efficacité de leur application (tout le monde surveille tout le monde). Tout en bas de la pyramide hiérarchique, il y a les enfants… qui ont de grandes capacités d’adaptation (cf. processus psychologiques de personnalisation et socialisation)… à la soumission aussi…

Liberté ou sécurité (toute relative), telle est la question. Car aujourd’hui c’est toute notre société qui est masquée et psychologiquement affaiblie. Quelles conséquences aura le port du masque dans les crèches sur les tout petits, dont le cerveau construit ses réseaux neuronaux grâce à l’imitation faciale ? Quelles conséquences sur les collégiens qui se voient attribuer des croix et menacer d’un conseil de discipline s’ils ont le masque sous le nez ? Quelles conséquences sur les adultes qui obéissent à ces mesures liberticides et contre-naturelles ? Les personnels de l’Education n’ont pas le choix, les enfants non plus. « Est-ce ça la réalité dans nos écoles, Mesdames et messieurs ? »

Le documentaire Arte, Le virus ou la vie, Français, Allemands et Suédois face à la crise, qui aborde ces questions cruciales pour l’avenir de nos enfants, nous offre la vision de l’alternative avec la liberté et la responsabilité laissée aux Suédois.

Chloé Boussié, Janvier 2021 - Ressources : Malrieu, Tap, Milgram

Pour finir, une problématique s’ajoute encore : si la nouvelle loi proposée par M. Macron rendant obligatoire l’instruction à l’école dès 3 ans est votée, les parents n’auront bientôt plus le choix de déscolariser leur enfant s’ils le jugent en danger… Obéir ou prouver par un certificat médical le problème de santé de leur enfant seront les seuls choix qui s’offriront à eux...

 

 

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