Témoignage de :

Compter les victimes

5 décembre 2020

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Comment j'ai commencé à m'intéresser à la façon dont l'on comptait les victimes

Bien qu'aucun de mes proches n'ait été atteint du COVID, mon père est décédé au mois de juin d'un infarctus du myocarde. Concernant cette triste histoire, je voulais partager cette "anecdote".

Le SAMU ayant laissé le corps chez ma mère, nous nous sommes rendus le lendemain matin aux pompes funèbres pour organiser les funérailles mais aussi, de manière plus urgente, procéder à l'enlèvement du corps. Lorsque l'employée des pompes funèbres s'est penchée sur le certificat de décès (auquel je n'avais prêté que peu d'attention), nous avons eu la désagréable surprise de l'entendre dire que le corps ne pourrait être transporté à cercueil ouvert, la médecin du SAMU de Garches ayant coché la case "obstacle aux soins".

Cette mention, nous dit-on alors, indique dans ce cas une suspicion de maladie contagieuse, donc potentiellement, le COVID 19. N'ayant nullement l'intention de nous voir dicter les conditions de l'enterrement par une telle erreur, nous avons pris contact avec le médecin traitant de mon père, afin qu'il appuie notre appel au SAMU de Garches, où je me suis rendu en personne afin d'échanger le certificat de décès, mon père ayant succombé, comme le sien, à un infarctus du myocarde, et n'ayant jamais eu le moindre symptôme du COVID.

Il y a eu une méprise, le médecin, m'a-t-on-dit, avait compris qu'en cette période "il fallait cocher cette case à chaque fois" (véridique). Mais pour une démarche ayant abouti comme la nôtre, combien d'autres "méprises" y a-t-il eu ? Combien de personnes n'auraient pas su qui contacter, ou n'en auraient pas eu la force, frappées par le deuil?

C’est, entre autres, suite à cette anecdote personnelle que j'ai commencé à m'intéresser à la façon dont l'on comptait les victimes...

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