Témoignage de :

Désolation

19 juin 2022

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J’y ai cru… J’y ai cru quand la semaine dernière, j’ai lu le message d’une femme qui disait sur les réseaux sociaux que nous serions réintégrés en juillet, de source personnelle du ministère.

J’y ai cru parce que j’ai lu un article de journal qui disait que la NUPES avait toutes ses chances de faire front à LREM aux législatives.

J’y ai cru parce que Macron a dit à deux reprises à des soignants lors d’interviews filmées, qu’il n’excluait pas de permettre aux suspendus de retourner travailler lorsque la situation serait «endémique ».

J’y ai cru parce que le 17 mai, on nous a dit que le port du masque ne serait plus obligatoire étant donné que la situation évoluait favorablement.

J’y ai cru parce que j’avais envie d’y croire, parce que dans ma tête, toute cette mascarade ne pouvait pas durer plus d’un an.

J’y ai cru parce que 8 mois, c’est déjà énorme et que je ne comprends toujours pas pourquoi, au nom d’un vaccin qui démontre de jour en jour son inefficacité, je n’ai plus le droit de travailler.

J’y ai cru parce que j’ai espéré naïvement qu’avec les élections, même si Macron était réélu, il finirait par lâcher ses idées autoritaires pour réaliser un véritable programme.

J’y ai cru parce que j’ai espéré un réveil de la population, des autres soignants, de mes collègues et de la démocratie.

J’y ai tellement cru que pendant quelques jours, je me sentais mieux. Enfin, j’arrivais à retrouver un certain soulagement. Enfin, j’arrivais à prendre un peu plus soin de moi. Enfin, j’avais un horizon devant moi : cet été, le cauchemar serait terminé et je pourrais reprendre le cours normal de ma vie.

C’est incroyable comme ça fait mal de retomber après avoir autant espéré.

J’ai espéré en novembre 2021 et j’ai été de nouveau abasourdie par la prolongation des suspensions.

J’ai espéré en janvier 2022 et j’ai été de nouveau détruite lorsque j’ai compris que la situation allait empirer avec la rentrée scolaire.

J’ai espéré de mars à avril 2022 et j’ai été de nouveau déconcertée par les résultats des élections présidentielles.

J’ai encore espéré la semaine dernière, avec le choix du nouveau gouvernement et voilà que je reçois un uppercut en plein dans l’abdomen. Celui-ci me coupe la respiration. Je suffoque de rage et de colère, les larmes me montent aux yeux. Ces larmes que je n’arrivais pas à laisser couler jusqu’ici tellement toute cette histoire me paraissait invraisemblable.

Je suis détruite par cette situation, j’ai le sentiment que l’on m’a tuée socialement.

J’ai le sentiment d’être morte et d’avoir perdu une partie de ma vie. 8 mois !

8 mois que je suis une paria de la société! 8 mois que je n’ai pas le droit de faire réviser mes droits, sous prétexte que je ne rentre dans aucune case.

8 mois que je suis au point zéro, au point mort, que ma vie est vidée de son sens. Je me suis battue 8 ans pour faire ce métier, je me suis battue pour me faire une place dans ce champ professionnel. J’ai fait de nombreuses concessions pour arriver là où j’étais.
J’avais enfin trouvé un équilibre dans ma vie, qui me permettait, après toutes ces années de combat et de concessions, de profiter de ma famille en plus de mon travail. Un travail que j’aimais et que j’aime toujours. Un travail qui avait du sens et qui me permettait de me sentir utile socialement.
J’étais psychologue dans un service de santé au travail. Mon métier consistait à accompagner les personnes qui souffraient de leur travail. J’aidais aussi les employeurs démunis. J’avais un rôle d'écoute, de soutien et de conseil. Et voilà que toutes ces années de combat ont été anéanties par une simple décision du Président de la République. Une décision irrationnelle, qui ne répond à aucune loi. Une décision unilatérale, au nom d’une solidarité collective qui n’a aucun sens.

Une solidarité qui ne respecte pas les libertés n’a aucune raison d’être considérée comme telle. Il s’agit d’un diktat, d’un dogme, proféré comme une parole divine par un individu qui se prend pour un dieu rédempteur.
Et moi, qui ait eu l’outrecuidance de lui résister, je suis bannie de la société. J’ai la chance d’avoir anticipé un coup dur et d’avoir prévu une réserve financière pour tenir. Voilà que je puise dans cette réserve. A tout juste 30 ans, je suis déjà dans une situation de déséquilibre financier, alors que je venais à peine d’en sortir.
Je suis jeune Maman, j’avais plein de projets pour continuer à équilibrer ma vie professionnelle avec ma vie personnelle. Et voilà qu’on m’interdit de continuer. C’est profondément injuste. C’est violent.
C’est dégradant. J’ai le sentiment de payer pour une faute qui n’en est pas une : je n’ai commis aucun crime, aucun délit. J’ai simplement refusé de m’astreindre à une règle insensée.
Mes collègues ne m’ont pas soutenue. Ils ne NOUS ont pas soutenus. Heureusement ou malheureusement, je ne suis pas la seule dans ce cas. Comment peut-on faire l’impasse sur 6 postes au sein d’un petit service d’une quarantaine de salariés, alors qu’il est très difficile de recruter des professionnels de santé dans notre territoire ?
Les collègues qui sont restés déplorent la situation : plus de psychologue dans le service, un seul médecin qui doit « tenir » le service, là où ils étaient 4, un an auparavant. Des infirmiers à bout de souffle qui ont le sentiment d’être exploités pour compenser le manque de compétences médicales.
Ces problématiques se dessinaient déjà avant que je n’arrive dans l’équipe. Elles sont aujourd’hui exacerbées par cette décision incompréhensible du « gouverne – ment ». Donc, aujourd’hui, j’ai déchanté. J’ai appris que Borne avait été nommée première Ministre. Cette femme infâme qui souhaitait que nous, les soignants non vaccinés, soyons licenciés. Cette technocrate qui n’a aucune notion de débat politique démocratique et qui n’est faite que pour appliquer les décisions sans réfléchir.

Voilà que mes espoirs s’envolent en un clin d’œil. Que vais-je faire ? Pourrais-je un jour y retourner ?

Voilà ce qui nous attend, des individus présentant un "état agentique", tels que Stanley Milgram les avaient décrits lorsqu’il a étudié la soumission à l’autorité. Et nous sommes tous complices de cette dérive : nous avons laissé la situation perdurer, sans nous indigner.
J’ai des patients qui pleurent. Moi, je ne pleurais plus. Je me sentais sèche. J’avais le sentiment de tout garder. Regardez mon corps, il n’est plus le même : il est pire qu’une éponge ! Un trou sans fond, quelque chose que l’on remplit et qui n’a pas d’espace pour se vider. Je n’en peux plus de cette situation. Ça m’épuise ! J’ai le sentiment que tout m’échappe, que je vis au bon vouloir des autres.

Le Président de la République m’interdit de travailler, mon activité libérale est au ralenti comme si tout mon réseau évitait de travailler avec une paria. Mes semaines se vident et mes journées aussi.

Bref, à chaque fois que je caresse l’espoir de retrouver un peu d’autonomie et de pouvoir d’agir, voilà qu’un évènement vient tout retarder ! Quand cela va-t-il s’arrêter ? J’aimerais dans un premier temps que tous ces points, que je n’ai pas choisis, trouvent une issue favorable pour reprendre mon chemin. C’est-à-dire, reprendre le chemin du travail. Parfois j’ai envie de tout quitter… De me barrer loin d’ici, ou de crever.

Cette « vie adulte » qui me faisait si peur est réellement infernale ! Un véritable enfer. Je ne sais pas ce qui me tient tant à rester en vie… Ma famille ? Mon envie de réussite ? Mes amis ? J’en peux plus de tout ce marasme, de cette société du contrôle qui se dessine et qui approche. Comment se protéger d’un système devenu fou ? Comment se protéger de ce contrôle permanent sur nos vies ?
Couper le smartphone ? Jeter la montre connectée ? Démolir la voiture électrique ? Mourir de la surface du monde numérique ? Oh oui, quitter ces horribles traceurs, ces algorithmes qui mesurent tout.

Nos vies et nos êtres se résument en données : poids, taille, date de naissance, nombre de connexions, nombre de commentaires, nombre de recherches, achats, …

Ce poison coule dans nos veines sociales et il est très difficile d’en trouver l’antidote sans se suicider socialement.

Bats-toi !

Résiste !

Mais pourquoi ? Et pour quoi ? A quoi bon se battre ? Contre qui et surtout, contre quoi ? Je ne vois pas le sens de ce combat. Je ne vois pas quelle serait son issue, sa finalité, ce que j’y gagnerais au final. Ce qu'ON y gagnerait...

Une place dans cet enfer social et sociétal ? Qui en rêve ? Depuis leurs tombes, Orwell et Huxley doivent se sentir visionnaires. Après les horreurs de la seconde guerre mondiale, voilà que la planète est en train de réaliser le rêve d’Adolf : créer un monde d’asservissement. Les nouveaux boucs émissaires ont la vie longue : soignants résistants, scientifiques qui doutent de la nouvelle doctrine gouvernementale et mondiale, citoyens qui militent pour les libertés... Et j’en passe !

Et l’avenir de mes enfants, quel est-il ? C’est ce monde que je veux pour eux ? Certainement pas !

Mais je n’ai plus la force de me battre, j’ai passé plus de 8 ans à le faire. J’ai passé plus de 8 ans à chercher une place qui me convenait.

On m’a brisée, on m’a démolie, on m’interdit.

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