Témoignage de :

EMMANUEL

23 septembre 2021

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« Je suis enseignant à la fac, j’enseigne la littérature française, la langue et la littérature provençales, et j’aime beaucoup mes étudiants.
Je préfère mes étudiants à mes articles de recherche, c’est-à-dire que la relation est plus importante que la production d’ouvrages. Alors oui, nous sommes payés pour produire des articles, des ouvrages, organiser des colloques, mais la relation à l’étudiant, c’est ce qui m’a fait choisir ce travail-là.

D’où la brûlure, la douleur, le manque lorsqu’on a dû être confinés. Et chaque semestre, que ce soit le deuxième semestre de l’année précédente, le premier de celle-ci, et le deuxième de celle-ci, on a été sevrés, affamés, dans nos relations professionnelles.
Il a fallu de bric et de broc faire du distanciel, envoyer des PDF. J’ai un peu enrichi ma chaîne YouTube.

Mais c’est un ersatz qui n’est vraiment pas satisfaisant, et je ne voudrais pas que cela fasse école.

Je vais revenir à l’une des étymologies possibles de religion : ça vient de religare, relier. Pour moi, il y a une religion de la relation, je suis à la limite du pléonasme, c’est-à-dire que j’ai l’impression d’être en lien avec le spirituel quand je suis en lien avec l’autre.
Et je vais jeter un pavé dans la mare : il y a peut-être quelque chose de diabolique dans ce que nous vivons, mais au sens étymologique. Le mot symbole, c’est sumbolon. Bolon, c’est le morceau, et donc sumbolon, c’est le lien entre deux parties qui ont été séparées. Mais la séparation, la division, c’est diabolon.

Le diable est le grand séparateur du lien. Donc il n’y a plus de lien ciel-terre. Le diable nous fait croire qu’il n’y a que la terre. En gros, sans lien, nous sommes coupés de notre essence divine.
Conséquemment, on vit une époque diabolique, puisqu’on nous coupe du lien.

L’absence de lien, l’absence de souffle, l’absence de respiration, pour moi tout cela est assez lié, au moins au niveau de la symbolique.
Avoir perdu le contact avec les étudiants, c’est une vraie perte sèche. J’ai l’impression d’être en apnée.
C’est marrant, le covid touche à la respiration, au moment où on est en train d’asphyxier la planète.
Tiens, il n’y aurait pas une coïncidence, là ? »

29 avril 2021

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