Témoignage de :

En psychiatrie

20 septembre 2021

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Bonjour, je travaille en tant qu’éducatrice spécialisée dans une structure de soin relevant du champ de la santé mentale.

Je suis ici pour témoigner comme d'autres collègues, soignants de tout horizon…certains rencontrés il y a tout juste un mois, en plein cœur d’un mouvement de soutien et de solidarité qui prenait vie en pleine tempête.

Aujourd’hui, là où je travaille, nous avons des outils que nous transmettons auprès des personnes malades que nous accompagnons : ce sont toutes les valeurs partagées par la réhabilitation psychosociale. On parle d’"empowerment" par exemple, c'est-à-dire de reprise de son propre pouvoir d’agir ; de la capacité de faire des choix par soi-même, pour soi-même ; de la possibilité de donner son avis afin d’être en accord avec son propre projet de soin et d’atteindre son rétablissement.

Alors une fois la mesure du 12 juillet rendue applicable, on nous a dit qu’il fallait « recenser » les usagers vaccinés et faire de la « prévention » autour du vaccin. Puis très rapidement nous avons laissé tomber la prévention pour faire de « l’incitation » à la vaccination. Parce qu’il y avait urgence. Et on nous a parlé de « tables de vaccinés et tables de non vaccinés » pour nos repas thérapeutiques au sein de notre structure.

Une personne, que nous accompagnons, m’a appelé en pleine décompensation car elle devait subir sa première injection le lendemain et avait très peur des conséquences pour sa santé. Une autre, avec qui je discutais a bien compris que je ne pourrais plus venir travailler.

Elle me dit : « mais je ne vais plus pouvoir venir ici ? Et vous, vous allez perdre votre travail ? Mais les gens vont se suicider ! ». Alors on rassure, on calme les esprits comme on le peut bien que le nôtre ne le soit pas.

Mais face à toutes ces personnes vulnérables, malades, sous traitement souvent assez lourds- qui n’ont pas toujours la possibilité d’avoir accès à de l’information juste (comme nous tous d’ailleurs !) - que leur dire ?

Que leur participation aux activités thérapeutiques sont désormais soumises à condition?

Qu’il faut que, dans leur projet de rétablissement et au regard de leur pouvoir de décision, ils puissent quand même, ce serait plus pratique, rentrer dans la case…?

Alors aujourd’hui, je refuse de demander aux personnes que nous aidons s’ils possèdent bien leur « laisser passer » pour venir se faire soigner. Après avoir vu des collègues pleurer d’avoir fait un acte pris dans l’urgence et sous la menace, après avoir entendu que j’étais dangereuse pour les autres et responsable de leur futur abonnement vaccinal, je refuse de continuer à vivre des situations trop violentes pour nous tous.

Pour finir, je retiens et partage avec vous une phrase, captée en réunion d’équipe il y a quelques jours à peine : « C’est comme ça, on ne va pas changer le monde… ».

Et bien, moi, et vous tous ici présents j’en suis sure : on va quand même essayer, ce serait mieux !

Agnès

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