Je tenais à partager mon vécu par rapport à ce masque qu’on nous demande de porter pour enseigner.
Porter un masque en classe, quand on travaille avec des petits de maternelle, c’est :
- Ne pas se faire entendre lorsque je parle à un enfant dans la cour s’il n’est pas tout près de moi. Il ne sait pas que c’est à lui que je parle et il ne saisit pas vraiment ce que je lui dis puisqu’il ne voit pas mes lèvres.
- Une augmentation du bruit dans la classe car quand j’arrive à faire en sorte que les enfants chuchotent, je ne peux pas moi-même chuchoter car les enfants ne m’entendent pas !
- Manquer d’oxygène. Plus les jours avancent, moins je supporte de sentir le masque me coller à la bouche quand je prends ma respiration, quand je monte la côte pour arriver à l’école, quand je parle longtemps, quand je chante. Je revis quand je peux respirer l’air du dehors sans masque.
- Avoir un débit de parole diminué. Pour laisser le temps à l’air de m’arriver à la bouche.
- Une perte de temps, et un stress de laisser les enfants seuls. Quand je dois me moucher, c’est beaucoup de minutes perdues si je veux avoir les mains propres sans mettre du gel toutes les 5 minutes : se laver les mains, ça veut dire laisser la classe seule au moment où je dois me moucher (et non quand ils sont prêts à rester calmes pendant plusieurs minutes) car je n’ai pas de lavabo dans ma classe.
- Inutile. Le masque à cette période de l’année est humide au bout d’une demi-heure.
- Une perte énorme d’efficacité dans les apprentissages des enfants. En maternelle, énormément d’enfants confondent des sons proches. Ils ne peuvent pas progresser sur ce point car ils ne peuvent pas entendre la différence entre ces sons à cause du masque. Ils ont besoin de voir mes lèvres et que les sons soient parfaitement audibles.
- J’ai 2 élèves qui ont des prénoms à consonance proche (Mathis et Baptiste) et systématiquement l’un vient quand j’appelle l’autre.
Tous ces désagréments quotidiens m’empêchent de faire mon travail dans de bonnes conditions.
A cause de tout cela, je suis énervée et stressée avant même que les enfants n’arrivent.
Je touche mon masque pour pouvoir être entendue, pour que les enfants n’en pâtissent pas, pour respirer, ce qui rend le masque encore moins utile.
Une enseignante fatiguée