Témoignage de :

La joie des haïkus

10 janvier 2022

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Les carabistouilles,

Mensonges, censures et embrouilles ?

Là, ces hellébores !

 

La pratique du haïku nous vient du pays du Soleil Levant où elle était instituée comme une école de vie, pour forger l’énergie et le mental à rebondir dans la vie. L’idée est d’exprimer de façon très concise, synthétique et codée, un état d’être souvent associé à une mélancolie, un découragement, un traumatisme, une oppression – qu’elle soit intérieure et/ou extérieure – , ou toute autre chose dérangeante, et de le transmuter en une émotion poétique porteuse. Ainsi, dans cet haïku, nous trouvons dans les deux premiers vers :

 

Les carabistouilles,

Mensonges, censures et embrouilles ?

 

des mots qui sont des allusions à peine voilées, pour ne pas dire masquées, à la doxa ambiante ; et en dernier vers :

 

Là, ces hellébores !

 

Nous voilà dans la résolution poétique et vigoureuse de la question posée.

 

Les hellébores, fleurs magnifiques, ont plusieurs caractéristiques qui nous intéressent particulièrement ici : elles fleurissent en plein hiver, dans le froid, le gel, la neige, l’humidité, la tempête. En fait, elles aiment l’adversité. C’est comme si les conditions climatiques complètement défavorables à leurs consœurs leur permettaient à elles, ces splendides Roses de Noël, d’offrir toute leur magnificence en terrain belliqueux, belle métaphore de notre vie actuelle. De plus, autrefois, elles étaient utilisées dans le traitement contre la folie, grand bien pourrait faire à nos dirigeants, labos, institutions médicales et autres, dont le diagnostic de paranoïa aiguë, surdité, perversion et confusion mentale se dessine de jour en jour. Ainsi, ces trois vers, ouvrent des portes vers d’autres horizons que l’on n’aurait pas soupçonnés dans une première lecture.

 

Dans le langage des oiseaux, celui où l’on peut entendre d’autres sons et significations que le mot écrit, on peut entendre « Là » = Las = Fatigués. Fatigués sommes-nous de toutes ces carabistouilles !

Notez aussi que la règle d’écriture propose le rythme des sons 5/7/5 et sollicite ainsi la pensée à trouver en peu de mots son chemin musical. Une ascèse joyeuse en quelque sorte. On est loin des discours fleuves qui se perdent dans des méandres parfois douteux.

 

Les / ca/ra/bis/touilles, = 5 sons

Men/songes, cen/sures / et / em/brouilles ? = 7 sons

Là, /ces / hel/lé/bores ! = 5 sons

 

Pratiquer cet art, créer tous les jours un haïku, quel que soit notre moral, est une excellente école de philosophie qui nous aide à développer le florilège incandescent de notre âme.

 

A vous la plume ?

 

Dominique Duprey

Ecrivain, Thérapeute psycho-corporel

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