30 décembre 2021
Partager cet article
Je l’ai lu il y a plusieurs années, quand il est sorti en fait, il y a déjà 10 ans, 11 ans même : La stratégie du choc de Naomi Klein. Je me souviens d’avoir trouvé ce livre passionnant… et désespérant ! Quelle tristesse, quelle honte, quelle détresse m’affligeaient à cette lecture qui offrait une édifiante grille de lecture de la marche du monde.
Le Chili, l’Argentine, le Paraguay, l’Irak, la Louisiane, les États-Unis au 11 septembre 2001 et tant d’autres pays soumis à des épreuves cataclysmiques dont des États alliés à des puissances économiques et financières se saisissaient avec célérité pour détruire toute velléité de démocratie et imposer leurs lois au service de leurs seuls intérêts comme unique solution rédemptrice !
La guerre de Malouines (1982), le massacre de la place Tiananmen (1989), la crise financière asiatique de 1997-1998, les bombardements de Belgrade par l’OTAN (en 1999), quelques exemples parmi tant d’autres de chocs sidérants qui ouvrirent grand la porte aux privatisations tout en maintenant les peuples sous le joug de traumas incapacitants : on les dépeçait sans qu’ils puissent seulement penser à défendre leur bien commun et leurs droits.
Il me fallut presque deux ans pour établir le lien entre la situation actuelle et ce que décrit si bien Naomi Klein. Un nouveau virus, probablement né dans un laboratoire et provenant d’un pays totalitaire, la Chine, envahit le monde et justifie des mesures d’une extrême violence : un confinement général de plus de deux mois et l’arrêt brutal de toute l’économie « non essentielle » assorties d’un « quoiqu’il en coûte » pour accompagner l’effet traumatique « d’une guerre » subite et inattendue, d’une illusion de compassion solidaire ou de solidarité compassionnelle.
La COVID-19 est l’événement inespéré qui permit à la plupart des pays développés, d’accélérer en toute impunité le démantèlement de leurs Etats au profit d’entreprises internationales en mettant en œuvre la stratégie du choc d’une manière encore inédite jusque-là. Alors que les populations se cloitrent elles-mêmes et s’en remettent, sidérées, aux recommandations gouvernementales dénuées de tout fondement scientifique (ne pas se soigner, rester enfermé, s’éloigner les uns des autres, porter des masques), le gouvernement français subventionne à fond perdu les entreprises, suppriment des lits dans les hôpitaux (aggravant ainsi la menace de mort agitée chaque jour par les médias), réforme la formation professionnelle, l’éducation, la recherche, l’enseignement supérieur, le chômage et bientôt la retraite, démantèle les liens sociaux, stigmatise une partie de la population, creuse les inégalités, laisse mourir les migrants, favorise l’émergence d’épouvantail (Zemmour) pour conforter la pseudo-posture de pacificateur.
Ce qui est tout à fait inédit dans la mise en œuvre de cette stratégie du choc c’est qu’elle ne se limite pas à une région, un territoire, un pays fut il vaste ; elle concerne le monde entier (ou presque) ce qui est réellement une première fois. Même les deux dernières guerres mondiales n’ont pas provoqué une telle convergence d’intérêts ou plutôt de collusion d’intérêts à si grande échelle, réunissant dans une « même main » les pouvoirs financiers, technologiques, numériques, médiatiques et politiques.
Se référant les uns aux autres pour faire peur, faussement rassurer et plus sûrement contraindre, les pays d’Europe, d’Amérique, d’Asie, avancent sans répit dans la coupe radicale des dépenses et des services publics, la limitation croissante des libertés civiles, la suppression rampante et inexorable des droits humains et l’accroissement continu des moyens de surveillance, de contrôle et de coercition des populations.
Ce qui est extraordinaire dans ce phénomène, c’est que les populations se sont soumises aux injonctions de leur gouvernement en croyant faire un choix autodéterminé, citoyen et solidaire. Les personnes ont intériorisé les motifs au nom desquels elles agissaient : « je suis un danger potentiel pour autrui, je dois préserver les autres en m’éloignant d’eux, en me masquant, en me faisant injecter un vaccin dont je suis sûr(e) qu’il est sûr, en incitant tous ceux et toutes celles qui m’entourent à se faire aussi vacciner, à se tenir loin de moi et à porter un masque ».
Le développement de l’économie numérique, la concentration des richesses au sein de structures internationales, la mondialisation à marche forcée de l’économie, les disparités économiques mondiales dont se sont joué les grandes puissances, combinés à l’émergence soudaine d’une menace planétaire ont formé un contexte inédit dont les grands dirigeants de ce monde se sont saisis pour poursuivre ensemble ce à quoi chacun s’employait de façon plus ou moins indépendante.
Cette menace planétaire, improbable bien que prévisible, a servi de levier extraordinaire à une forme de conscience collective universelle brandie par nos chefs d’État comme motif suprême au titre duquel nous ne pouvions que tous nous soumettre pour tous nous sauver. La stratégie du choc décrite par Naomi Klein en 2010 éclaire de façon saisissante la crise sanitaire mondiale que nous traversons.
Cela doit nous aider à trouver, imaginer, mobiliser les énergies qui nous permettront de lutter contre les politiques actuelles et d’éviter une forme de génocide planétaire auquel les gouvernements nous conduisent inéluctablement.