Quelle joie d'avoir eu l'intuition de sortir notre père de l'hôpital (cardiaque et dyalisé) et de lui offrir, de nous offrir ces semaines d'accompagnement en soins palliatifs à son domicile.

Nous sommes cinq frères et soeurs et nous nous sommes relayés auprès de lui durant 6 semaines afin qu'ils vivent ces derniers jours entourés de ceux qu'il aimait chez lui et avec notre mère.

Au moment où nous l'avons décidé, nous ne savions pas à quel point nous serions comblés par tous les moments de partage et de grâce que nous allions vivre les uns les autres.
Au départ, certains d'entre nous un peu frileux dans le contexte actuel, gardaient la distance et puis très vite les barrières sont tombées, chacun étant porté par l'essentiel de ces moments d'échanges inédits. La maison s'est transformée en lieu de convivialité, d'échanges, de soins, d'amour, de partage dans le coeur, de moments de paroles et de réconciliations.
La puissance de l'amour qui a circulé entre nous, a joué son rôle de barrière immunitaire et a eu raison de la peur et du virus! Pour le sacrement des malades demandé par mon père, nous nous sommes tous réunis auprès de lui, nous étions trente, les enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants...La grande fête, comme il nous l'a redit les semaines qui ont suivi.... et jusqu'à son départ.

Nous nous sommes embrassés, nous nous sommes touchés, nous avons mélangé nos rires et nos larmes, nous avons partagé nos repas sans distance, oui sans distance aucune...et personne, personne n'a eu le moindre petit symptôme, même pas un rhume... durant six semaines et encore aujourd'hui alors même que mon père a fait sa naissance au ciel et que pour les obsèques nous étions plus de cinquante à partager un pot de la joie et de l'amitié....et toujours pas de retour de malades, de cas....

C'est assurément l'amour qui transmute, l'amour qui protège, l'amour qui porte, l'amour plus fort que la mort!

Sandrine