Témoignage de :

Le sourire

11 mars 2021

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Je suis enseignante en Mathématiques dans un collège à Manosque, J'adore mon métier, il me met en joie. Même dans les moments difficiles, même avec la fatigue dès que je suis avec mes élèves dans une salle de classe, les soucis disparaissent, la fatigue s'envole et le temps n'existe plus. J'aime ce que je fais, je me sens à ma place, à la bonne place. Je suis une "jeune" enseignante de 46 ans (aujourd'hui c'est mon anniversaire :) ) car je n'exerce que depuis 7 ans. Je me suis reconvertie sur le tard et je mesure tous les jours la chance que j'ai d'avoir trouvé la bonne voie.

Aujourd'hui, la situation est devenue plus complexe. Je ne vois plus le sourire de mes élèves. C'est la première année que je n'ai jamais vu, pour certains, leur visage. Quand le masque "tombe", je suis étonnée de voir leur visage d'enfants. Je passe des journées à ne pas voir leur expression, je ne peux plus détecter les émotions et discuter quand cela ne va pas. J'ai du mal à entendre leur voix étouffée par cette saleté de masque.

Je ne porte pas ce masque et je ne dis évidemment jamais rien quand mes élèves ne le portent pas ou le baissent pour respirer un peu. Mais ils ont peur. Les élèves ont peur et malheureusement, ils s'habituent à le porter. Je suis censée désinfecter le tableau toutes les heures ainsi que mon bureau. Je suis censée mettre du gel hydro alcoolique sur les mains abîmées de mes élèves toutes les heures voire plusieurs fois par heure. Je les laisse libre de le faire ou pas mais cela me pèse. Cela me pèse de plus en plus. Que faisons-nous à nos enfants ?

J'essaie de mettre de la joie dans mes cours, j'essaie d'être en joie moi-même. Je suis un être vivant qui souhaite être libre de décider pour moi-même ce qui est bon pour moi. Je veux respirer et je souhaite que les enfants puissent respirer librement, enfin !

Je ne porte pas le masque et dans un collège cela pose problème. La très grande majorité de mes collègues ne me disent rien mais me font remarquer gentiment que la règle est quand même le port du masque. Mais, aujourd'hui, une collègue m'a cependant violemment fait des reproches, des insultes et sa peur a presque fait en sorte qu'elle en vienne aux mains. Pourtant, c'est une prof de maths comme moi, les statistiques, elle connait, les chiffres, elle les maitrise... Mais la peur lui a fait perdre toute sa capacité à raisonner, à mettre un peu de clarté dans ce flou dans lequel on nous plonge et à voir la manipulation.

Il est devenu maintenant possible que je sois isolée dans mon collège, il est devenu possible que je sois dénoncée au Rectorat, il va être le temps de prendre position. J'espère que je tiendrai bon. J'espère que j'arriverai à affirmer que nous avons tous la liberté de décider pour nous, que je suis souveraine et que je ne donnerai pas mon pouvoir à un autre. Je ne veux pas vivre dans le monde et dans la vie de ceux qui ont peur. Ils ont le droit d'avoir peur mais je ne veux pas de leur peur.

Je souhaite défendre la vie et retrouver la Véritable Intelligence d'Energie. La voie, c'est la joie. Rendons-nous à nous ainsi qu’à nos enfants la capacité de retrouver notre sourire, notre part d'humanité.

 

 

Isabelle Bruneau

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