Témoignage de :

Lettre à l’enfant que vous étiez

2 mars 2021

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Lettre à M. l'Inspecteur d'Académie, Recteur et Directrice d'école
Envoyé le 4 Novembre 2020

Monsieur,

Je suis la maman d'une petite fille qui s'appelle Zoé, et qui est scolarisée en classe de Ce2 à l'école de l'Alliance à Arsure Arsurette.

En début de semaine, mon mari et moi, vous avons adressé un courrier pour vous annoncer que Zoé ne porterait pas le masque à l'école ...
En nous appuyant sur des articles de l'OMS, de l'UNICEF et de plusieurs articles expliquant que le port du masque est néfaste pour les enfants... Peine perdue puisque arrivée à l'école, un masque chirurgical lui était proposé afin de pouvoir rentrer en classe...
A essayer de vous prouver cela, j'en ai oublié ce qui me semble Essentiel.

« Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent. »
De Antoine de Saint-Exupéry / Le petit prince

J'en appelle ce soir à vous souvenir de votre enfance.
Vous souvenir du petit garçon, que vous étiez.

Laisser parler l'enfant en nous n'est pas forcément régresser.
C'est d'abord retrouver la fraîcheur et l'intensité de nos premières années.
Pour mieux s'épanouir.
L'enfance, une terre d'origine décisive, un pays que nous avons besoin de revisiter pour remettre de la fraîcheur dans nos vies, éprouver à nouveau des sensations perdues : l'innocence, la fantaisie, la légèreté, la spontanéité.

Demandez autour de vous et vous en aurez sûrement confirmation : c'est souvent par le goût, le toucher, l'odorat que l'enfance se représente à nous. Un retour qui s'opère pour Marc, 46 ans, quand il « joue au baston » avec son fils et n'est plus que corps, peau, force en action. Pour Marthe, 55 ans, lorsqu'elle court en pleine nature et sent le vent sur son visage. Pour Pierre, 22 ans, quand, buvant un chocolat chaud, la mousse se dépose au coin des lèvres et lui rappelle ses vacances à la montagne.

Comme Marcel Proust, nous avons tous une ou plusieurs madeleines capables de nous brancher sur ces plaisirs entiers, ces joies sans mélange des premières années. Des moments gratuits, que nous ne maîtrisons pas, et qui sont pourtant essentiels pour s'épanouir... et grandir.
Et ces souvenirs se fabriquent pour beaucoup à l'école ...
L'innocence, la fantaisie de grimacer pour faire rire un copain, La légèreté de se sentir heureux La spontanéité d'un éclat de rire à gorge déployée.

Vous dites « Respecter la loi » que d'obliger les enfants à porter le masque toute la journée, vous-même qui le supportez difficilement (comme beaucoup, ce qui est normal puisque Dame Nature nous a créés ainsi, avec une bouche et un nez servant à inspirer de l'oxygène et à expirer du gaz carbonique afin d'oxygéner notre sang, notre cerveau et nos cellules...A cet âge-là, le cerveau est en pleine construction, une véritable usine...)

Je me permets alors de soulever un sujet essentiel à mes yeux,

Vous ? Oui Monsieur, ce petit garçon qui a grandi, l'adulte que vous êtes aujourd'hui, Vous , Vous respectez-Vous ??
Etes-vous encore capable de vous regarder dans le miroir en vous disant que ce que vous faites subir à ces enfants est juste ??
Etes-vous encore capable de regarder vos enfants, les enfants de vos amis, de votre famille, en vous disant que les ordres venant de votre hiérarchie auxquels vous obéissez sont justes et respectueux ?
Est-ce que, empêcher un enfant de s'exprimer librement, est en adéquation avec les valeurs qui vous ont fait choisir d'exercer votre métier dans l'enseignement ??

Alors que tellement de pédiatres, de scientifiques, de spécialistes de la petite enfance s'insurgent devant de telles atrocités ...

Aujourd'hui, quels souvenirs va-t-il rester à nos enfants, muselé par un masque au minimum 6h par jour ?
Celui de n'avoir pu s'exprimer comme il le voulait, de n'avoir pu voir son enseignant lui sourire ...
Celui d'être coupable d'avoir enfreint la loi en baissant son masque pour faire un bisou à une camarade,
Celui de pleurer le soir dans son lit en souhaitant que cela s'arrête ...
Celui de ne plus ressentir de bienveillance de la part de son enseignant, distance et masque oblige...
Celui de se cacher dans les toilettes pour respirer....
Celui de n'avoir pas le droit d'empoigner son camarade par la main ...
Celui d'entendre qu'en portant le masque, elle sauvera ses grands-parents...
Celui d'avoir la sensation d'étouffer le jour comme la nuit ...
Celui de ne plus faire aucunes sorties scolaires, le pique-nique dans le sac à dos, des souvenirs joyeux plein la tête au retour...
Celui d'avoir mal à la tête toute la soirée, d'avoir mal à la mâchoire à force d'essayer de respirer (les Ostéopathes vous le diront mieux que moi ...)
Celui de cauchemarder en ne voyant que des personnages avec 2 yeux sans aucunes expressions sur le visage, robotisé.

Parce ce que la réalité, c'est celle-ci ... Au-delà de chiffres, ce que vivent les enfants c'est ça. Ce sont les tristes retours des parents et des enfants que je reçois en consultations depuis quelques mois déjà...
(Faites leur faire un dessin du bonhomme, vous verrez que les bonhommes n'ont ni nez, ni bouche, mais que 2 yeux énormes...)
Car oui, c'est cela qu'ils ressentent, et vous en êtes complice. En vous cachant derrière « la Loi » c'est
cela qu'Eux ils vivent.
L'école n'est-elle pas un lieu de sociabilité et d'échanges ?

Certains enseignants ont choisi, en leur âme et conscience, et surtout, en accord avec leurs valeurs, de ne pas obliger le port du masque dans leur école.
De laisser se dessiner des sourires sur le visage de leurs élèves, de les voir vivre, tout simplement.
Parce que, eux, ils osent, pour le bien de leurs élèves.

Un peu d'humanité n'est-il pas plus important que la loi ?

Lorsqu'on est maman, on souhaite le meilleur pour nos enfants.
On cherche par tous les moyens à les protéger.
C'est viscéral, c'est l'instinct animal...
Ce soir, j'ai choisi d'être juste et honnête avec moi-même en vous écrivant, car c'est mon cœur de maman qui pleure ce soir, après avoir vu couler les larmes sur les joues de ma petite fille....

En totale adéquation avec mes valeurs humanistes, et au nom de tous les enfants que j'accompagne en consultation, je me devais de le faire.

Une goutte d'eau dans un océan, peut-être, mais peu importe.
La légende du petit colibri, de Pierre Rabhi est une de mes références littéraires.
Ce soir, j'aurai fait ma part ...

Espérant peut-être avoir réveillé en vous un semblant de douceur et d'humanité, en tous cas à vous avoir invité à élargir un peu votre champ de conscience.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

Mélanie CORDIER

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