11 décembre 2021
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M le Professeur,
Depuis de nombreuses années, nous accompagnons l’Institut Curie par un don annuel.
Nous avons décidé de mettre fin à ce soutien en visionnant une vidéo prise le 3 décembre à l’entrée de votre établissement de soins. Cette décision est définitive et irrévocable.
Cette vidéo montre une patiente refusée pour cause de défaut de passe sanitaire. Cette patiente suivie depuis plusieurs mois pour un cancer est restée plusieurs heures devant la porte d’entrée dans l’attente d’un contact avec un soignant afin d’expliquer sa situation. On voit sur cette vidéo un policier de la police nationale, dont nous vous rappelons qu’il n’est pas assujetti au passe sanitaire, venir remettre à la patiente les ordonnances dont elle a besoin, au bout de plusieurs heures d’attente.
A notre connaissance, il n’y a pas eu depuis le gouvernement de Vichy une telle politique d‘exclusion du soin.
L’Ordre des médecins s’est inquiété dans un avis rendu le 2 août de la mise en place du passe sanitaire: « L’Ordre des médecins s’inquiète vivement des conditions de mise en oeuvre d’une telle disposition, qui ne doit pas priver des patients de soins, alors même que les conséquences délétères de la crise sanitaire en termes d’accès aux soins et de suivi des malades, et notamment des malades atteints de pathologies chroniques, sont largement documentées ».
A cette date les tests étaient valables 72 h. Depuis qu’ils ne le sont plus que de 24 h, les empêchements dus notamment au fait que les résultats de la plupart des tests ne sont pas disponibles rapidement se multiplient et ce principe de test devient inapplicable dans la majorité des cas graves et entraine un renoncement à tous les principes fondateurs de notre humanité.
L’inhumanité dont a fait preuve votre équipe soignante nous horrifie. Elle est en contradiction flagrante avec le serment d’Hippocrate qui dit : « Je considérerai la santé et le bien-être de mon patient comme ma priorité ; Je respecterai l’autonomie et la dignité de mon patient ; Je veillerai au plus grand respect de la vie humaine ; Je ne permettrai pas que des considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, de croyance, d’origine ethnique, de genre, de nationalité, d’affiliation politique, de race, d’orientation sexuelle, de statut social ou tout autre facteur s’interposent entre mon devoir et mon patient. »
Enfin, nous vous rappelons l’article 3 de la LOI n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé dite loi Kouchner : « Art. L. 1110-3. - Aucune personne ne peut faire l'objet de discriminations dans l'accès à la prévention ou aux soins. »
M le Professeur, Nous attendons de vous un sursaut d’humanité et un retour au respect du serment d’Hippocrate.
Dominique et Joël VINCENT