29 décembre 2020
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Monsieur le Ministre de la Santé,
Je rédige ces quelques lignes dans l’espoir que votre rôle au sein du gouvernement prenne également en compte la santé mentale de vos concitoyens. Et plus particulièrement la mienne qui vacille presque autant que lorsque j’ai appris que mon enfant avait un cancer. Guéri depuis, là n’est donc pas la question. Mais à l’époque, en mode combat, je n’ai pas fléchi et me suis trouvé plutôt apte à résister à des tensions extrêmes. Avec ma société (et donc mes revenus) au bord de la faillite, un divorce en cours et un enfant encore susceptible de rechuter avec dès lors très peu d’espoir de le sauver, j’ai réussi à garder la tête froide, à ne pas paniquer, à garder espoir et à me battre chaque jour pour résister à toutes ces tensions et toutes les angoisses. J’ai rebondi depuis.
Mais avec cette crise du Covid, je perçois que ma santé mentale prend une mauvaise tournure. Non pas que le confinement soit un problème pour moi qui suis essentiellement en télétravail et suis un privilégié étant donné mon cadre de vie. Non pas que ma société soit en difficulté, bien au contraire, j’ai la chance d’être sur un secteur d’activité que la crise renforce. Ce qui m’affecte, c’est de ne pas comprendre vos décisions, ce d’autant plus quand elles sont liberticides ou m’apparaissent suicidaires pour des secteurs d’activités entiers. Pour accepter des mesures, pour pouvoir adhérer à vos postulats, j’ai un profond besoin d’explications et de données avérées. Je dois systématiquement confronter les points de vue et les faits pour accepter de me soumettre à des décisions. Accepter des restrictions drastiques n’est pas anodin pour quelqu’un comme moi qui a construit toute sa vie sur la maximisation de son espace de liberté.
Mais là je ne comprends pas de nombreux points et vous n’avez jamais pris la peine de les expliquer. J’attendais de notre ministre un discours transparent comme celui de l’épidémiologiste en charge de la stratégie suédoise qui expliquait dans une interview que les autorités se devaient d’être transparentes en « expliquant ce qu’elles savent, ce qu’elles ne savent pas, ce qu’elles vont faire pour savoir ce qu’elles ne savent pas, et ce qu’elles vont faire en fonction de ce qu’elles savent ». Mais je ne trouve pas trace d’explication concrète dans vos discours, ni de réponse formelle à vos contradicteurs. S’ensuit dès lors un désordre dans ma tête, vos injonctions contradictoires n’aidant pas. Comment puis-je rester confiant en votre action, comment faire pour accepter vos décisions lorsque vous éludez les questions, lorsque vous ne faites appel qu’aux sentiments et non à la raison. Aussi, pour le bien de ma santé mentale, de ceux qui m’entourent, et probablement d’un grand nombre de Français, pourriez-vous nous exposer de façon détaillée, non infantilisante, en considérant que nous ne sommes pas des benêts, les mesures que vous avez prises et surtout les éléments qui vont ont permis de faire ces choix. Je vais vous aider un peu en vous posant ces questions directement :
Comprenez-bien que ces questions laissées sans réponses constituent le fondement de la grogne et du manque d’acceptation de nombreux citoyens aux mesures que vous imposez. Dans une telle situation, où vous exigez l’unité nationale, seuls la transparence, le respect de l’intelligence de chacun et la sérénité de la communication permettront d’obtenir quitus pour votre gestion.
En attendant, ces questions tournent en boucle et je ne dois pas être le seul à constater ce défaut de démocratie qui ronge, exaspère et conduit à une colère insidieuse. Comment accepter, Monsieur Véran, que vous nous enfermiez sans prendre le temps de la pédagogie, dans votre pathos habituel ? Comment accepter de voir nos urgences saturées alors que des pays bien moins dotés s’en sortent bien mieux ? Pouvez-vous entendre que chaque jour, à l’annonce du nombre de morts, nous soyons nombreux à vous attribuer une grande partie de la responsabilité ?
Il ne tient qu’à vous de rétablir la vérité, de répondre à ces interrogations, de vous montrer transparent et ainsi d’obtenir cette unité nationale dont nous avons tous besoin.