Témoignage de :

Lettre ouverte à Monsieur Ciercoles, maire de Garidech, à Monsieur Lagleize Jean-Luc, Député de la seconde circonscription de Haute-Garonne, à Madame Carole Delga, présidente de la région Occitanie et à Emmanuel Macron, Président de la République Française.

20 avril 2021

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Garidech, le 13 mars 2021,

Mesdames, Messieurs,

Ma lettre est une demande primordiale concernant l’état d’urgence sanitaire et ses atteintes aux libertés fondamentales que nous subissons depuis le 17 mars 2020. Elle comporte trois parties :
1. Un rappel de certains droits des citoyens.
2. Mon vécu personnel de l’état d’urgence sanitaire et les conséquences que cela peut avoir sur de nombreux citoyens et plus particulièrement sur ceux qui ont vécu un traumatisme dans leur vie de quelque origine que ce soit.
3. Mes propositions d’actions.

Qu’est-ce que je demande ?
Je demande le droit individuel à ne plus respecter l’état d’urgence sanitaire.
Je demande qu’en toute conscience, l’on ait le droit de de ressentir des émotions ensemble, de rencontrer, d’embrasser, de serrer dans ses bras, de rire, de pleurer, de partager, et cela à 2;10;100, mille personnes ou plus à partir du moment où chacune de ces personnes aura exprimé par écrit et en toute conscience son choix.

1. Rappel des droits des citoyens

Je fais intervenir au travers de cette lettre mes droits à la liberté de conscience, aux droits essentiels de l’Homme (droit à une vie normale), au droit d’expression et au droit à l’objection de conscience.

L’objection de conscience est l’attitude individuelle de refus d’accomplir certains actes requis par une autorité lorsqu’ils sont jugés en contradiction avec des convictions intimes de nature philosophique, religieuse, éthique ou morale.

Dans mon cas, il s’agit d’une conviction d’origine philosophique au sujet de la vie humaine.

Quels sont les actes requis par l’autorité gouvernante actuelle qui sont en contradiction avec ma conviction philosophique de la Vie ?
Les obligations actuelles imposées par l’État Français vont à l’encontre de notre droit fondamental de vivre ou de mourir. Je réclame un retour de notre droit essentiel à la vie.

 

Quel sont les droits d’un objecteur de conscience ?
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi »Source : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen-article 10-1789.

Je revendique ici mon droit à la liberté d’expression sans aucun rejet politique du gouvernement actuel, que l’on soit bien d’accord. Il ne s’agit pas d’une objection collective qui donnerait alors une dimension politique à mon refus.

2. Mon vécu personnel de l’état d’urgence sanitaire et de ses atteintes aux droits fondamentaux.

Cela fait un an jour pour jour que le Président de la République française a pris la parole pour nous dire que nous étions en guerre contre un virus, le virus Covid 19.

Pour ma part, le premier confinement imposé ce 17 mars 2020 a entraîné chez moi, comme chez la majorité des individus, le besoin de mise à l’abri et de protection de ma famille et de moi-même.

Comme en temps de guerre, j’ai fait des stocks alimentaires raisonnables mais réels, j’ai acheté des outils de jardinage manquants et des pieds de légumes et aromates en vente à cette époque de l’année. Le but étant de pouvoir cultiver la terre de mon jardin et de vivre de ses productions si cette pandémie s’avérait longue et difficile.
Sont apparus chez moi, après de nombreuses lectures et documentations d’origine diverse, en tentant toujours de croiser les informations de diverses sources, des questionnements sur cette pandémie et des doutes aussi sur les décisions prises par le gouvernement actuel.
L’été s’est déroulé avec une liberté d’aller et venir relative mais avec une menace toujours présente et une tension nerveuse palpable chez toutes mes connaissances.
Puis le second confinement est arrivé durant les vacances scolaires d’automne. Là, ce fut brutal pour moi : le refus d’être à nouveau confiné m’a fait fuir mon domicile brusquement le lendemain de l’annonce gouvernementale.
Une location trouvée dans les Pyrénées basques, acceptée dans l’heure, des bagages vite préparés et j’embarque mon fils pour une seconde mise en sécurité vitale.
Je n’oublierai pas de sitôt la foule sur les routes toulousaines et les essais pour quitter la ville le plus rapidement possible de manière à arriver avant le couvre-feu imposé.
Ca y est, nous y sommes, enfin l’autoroute vers un peu de liberté. Malheureusement, le trajet un peu long, le maintien continue d’une vitesse de 130 Km/heure ou le hasard nous a coûté le moteur de ma voiture. Comme une majorité de français, et sûrement surtout une majorité de parents isolés, se payer une nouvelle voiture est impossible pour moi et changer le moteur de mon instrument de travail s’est avéré provoquer chez moi une montée d’angoisse effroyable. Nous sommes donc rapatriés par notre assurance et je reprends le travail dans une ambiance délétère liée à la pandémie et sur un poste de professeur des écoles remplaçante avec six niveaux de classe, 5 écoles et environ 120 élèves à gérer par semaine. Heureusement, mes parents me prêtent leur voiture pour pouvoir assurer mes cours. Cela durera 3 semaines. Et puis, ce 25 novembre 2020, tout s’arrête pour moi : resurgit le traumatisme de la mort de mon fils aîné, décédé il y a de cela pile 21 ans. S’en suit alors une hospitalisation de jour en psychiatrie car les diverses atteintes à ma liberté de vivre supportées depuis le 17 mars 2020 m’empêchent de sortir de chez moi. Impossible d’aller travailler, voir des gens, marcher à l’extérieur. Seul le réflexe de survie alimentaire pour mon fils et pour moi subsiste.

Après une thérapie de 3 mois, j’affirme que la vie normale ne reprendra pas pour mon fils et pour moi-même tant que l’état d’urgence sanitaire me sera imposé.

De nombreuses personnes rencontrées lors de mon hospitalisation souffrent aussi d’une réactivation d’un traumatisme ancien par la pandémie et par les restrictions imposées par l’état d’urgence sanitaire.

Les personnes affectées par un traumatisme intense mais qui ont malgré tout choisi la vie, car c’est la plus belle des choses, savent très bien que la vie ne peut exister sans la mort et qu’il faut affronter la mort car c’est ainsi, c’est notre nature humaine qui nous impose cela, il ne peut en être autrement.

C’est au nom de toutes ces personnes que je revendique le retour aux droits essentiels de l’Homme :
le retour à une vie « normale ».
Mais ce retour à une vie « normale » peut être vital aussi pour les étudiants, pour les professionnels en lien avec la culture et la restauration et pour d’autres personnes qui ont à nouveau besoin de pouvoir se projeter dans l’avenir pour n’importe quelle autre raison.

3. Mes propositions d’actions

Je suis également docteur en pharmacie et j’ai prêté serment lors de la remise de mon diplôme. Cela se nomme le serment de Galien. Une des phrases est la suivante : « Je jure en présence des maîtres de la Faculté et de mes condisciples de ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers les malades ».

A ce titre, vous vous doutez bien que je ne demande pas au gouvernement le rejet des masques et des gestes barrières. Je recommande aussi aux personnes qui me le demandent la vaccination anti covid.

Par contre, pour tous les citoyens qui partagent ma vision philosophique de la vie, énoncée ci-dessus et écrite en rouge, je demande le droit d’objection de conscience individuelle pour refuser d’appliquer les règles de l’état d’urgence sanitaire.

Je demande à ce qu’ils puissent aller dans des restaurants, des théâtres, des cinémas, des musées, qu’ils puissent aller à des concerts, qu’ils puissent retrouver une vie normale, qu’ils ne soient plus obligés de respecter le couvre-feu, etc.
Il faudra pour cela se munir d’une attestation écrite et signée affirmant avoir cette vision de la vie et avoir connaissance des risques encourus.

Cinq aspects pratiques doivent être respectés :
- Personne ne doit être contraint de signer cette attestation.
- Pour les personnes qui désirent cela mais qui ne sont pas capables d’exprimer par écrit ce choix, il sera demandé à leur famille ou à leur tuteur de le faire à leur place.
- Pour les personnes n’étant pas en possession de leurs facultés intellectuelles, la prudence du respect des lois de l’état d’urgence sanitaire me paraît être le plus raisonnable.
- Pour les enfants, évidemment, le choix incombe à leurs parents ou leurs tuteurs. Il serait opportun de leur expliquer nos convictions profondes.
- La présence de cette attestation sera nécessaire jusqu’à disparition de la pandémie. Elle devra bien sûr disparaître après.

Je vous remercie par avance pour la lecture de ma lettre et pour l’attention que vous pourrez y porter. Je compte sur vous pour envisager mes propositions et m’apporter une réponse. Veuillez recevoir l’expression de mes sentiments distingués.

Lucile Anguille-Bergeret

Textes de lois sur lesquels je me suis appuyée :
1. Libertés individuelles : libertés de la personne. Elles ont pour origine l’habeas corpus (1679).
2. Droits de l’Homme = prérogatives que la nature humaine confère à l’individu face à tout pouvoir.
A l’origine sont les écrits des philosophes du droit naturel (l’existence même de l’homme et sa
nature lui confère un ensemble de droits) : Grotius, Pufendorf, Kant, Rousseau.
Les droits opposables sont écrits dans les trextes suivants : Bill of Rights (1689), Déclaration des
droits de l’Homme et du citoyen (1789), Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948).
3. Les droits fondamentaux : les libertés publiques de premier rang ( opinion, religion, liberté d’aller
et venir) et les droits essentiels ( asile, vie normale, dignité de la personne humaine) Ceux ci sont
présents dans la Constitution de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CESDH).

 

 

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