Témoignage de :

LETTRE OUVERTE D’UN SUSPENDU, le 1er octobre 2021

1 novembre 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Bonjour Madame, Monsieur, cher lecteur

Que nous nous connaissions bien ou peu, je souhaite partager avec vous la situation inédite dans laquelle je me trouve...

Je suis chef de service d’un Foyer d’accueil médicalisé dans la fonction publique hospitalière où vivent 48 personnes schizophrènes, accompagnées par une équipe pluridisciplinaire de 40 professionnels.

Depuis les débuts de cette crise que nous traversons tous, nous : soignants, ASH, cadre, Cadre Supérieure, Direction, médecins et même les administratifs de cet établissement Isérois (qui regroupe plusieurs EHPADs et services médico-sociaux) avons fait corps, notre seule obsession était d’adoucir le plus possible la violence des consignes sanitaires veillant, dans la plus grande bienveillance, à garantir à nos patients une stabilité d’accompagnement et des repères dans une vie chamboulée.

Cette période n’a été simple pour personne, mais imaginez pour des êtres avec une maladie psychique ! Et pourtant les troubles du comportement ont baissé, preuve de la confiance qu’ils nous ont témoigné et du travail de qualité que nous avons collectivement fourni. Je suis fier de mon équipe. J’étais fier de cette institution.

Pourtant, je dois concéder que j’ai dû enfermer des personnes dans leurs chambres, refuser à des familles de prendre soins de leur proches, interdire aux « résidents » de sortir, bafouer le droit commun et les lois incontournables de nos métiers (2002-2 / 2005), fermer les yeux sur la manipulation de personnes angoissées pour qu’elles acceptent la vaccination, obliger des professionnels à s’asseoir sur leur éthique, ...

J’ai également été contraint de faire travailler des professionnels alors qu’ils sont testés positifs Covid, ou encore leur demander de revenir durant leurs jours de congés pour la sécurité des résidents et le soulagement du personnel. Le résultat est sacrifice dont je porte le poids moral, mais d’autres en porte le poids physique.

En effet 56 personnes [1] du service ont été atteintes par le virus. La moitié de ces personnes sont cardiaques, obèses et/ou diabétiques. Pourtant, aucun d’entre nous n’a été soigné. Il fallait obéir aux consignes gouvernementales : interdiction de réfléchir et d’essayer des traitements. Bilan : 1 mort, 2 hospitalisations et 2 Covid long...

Ouf, on pourrait dire que sur l’hécatombe promise c’est peu... mais n’est-ce pas trop ?

J’ai moi-aussi été touché et comme plusieurs de mes collègues, je suis allé travailler par volonté de soutenir l’organisation du service, d’autres sont revenus pour appliquer les consignes. En effet, à cette époque, les soignants étaient des héros aux yeux de tous ! Durant des mois, un soignant testé positif à la Covid s’entendait dire : « Vous êtes en état ? venez travailler », il n’était pas l’heure de se questionner sur la transmission possible ni sur la peur que pouvait faire cette maladie.

Cet été, j’ai vu une collègue abominablement malade de la Covid alors qu’elle est jeune, sportive et vaccinée, on me dit « heureusement qu’elle est vaccinée, sinon elle serait morte ! ». J’ai aussi vu une aide-soignante jeune et sportive, malade de la Covid pour la 2ème fois mais elle n’a développé qu’un rhume comme symptôme. Elle n’est pas vaccinée et, curieusement, pour ce qui la concerne on ne me dit pas que « les anticorps de l’aide-soignante ont dû très bien fonctionner ! »

Non, pire, on me dit que sans vaccin, cette aide-soignante sera suspendue !

Maintenant que le « Delta » frappe (nous savons depuis le mois de juillet qu’il est beaucoup plus contagieux mais beaucoup moins dangereux) le discours a changé grâce au remède miracle : le vaccin !!! Alors que nous avons « risqué nos vies » pour assurer la continuité des soins dans un contexte exceptionnel, que nous nous sommes tous donnés à fond, aujourd’hui nous n’avons plus le droit de venir travailler sans « passe ».

Dorénavant : obligation à tous les soignants, (même s’ils ne sont pas en contact avec les personnes fragiles, comme les cuisiniers par exemple), d’être vaccinés.

Un clivage s’installe dans la société entre non vaccinés et vaccinés... Que de divisions, que de paradoxes.

J’ai vécu presque deux ans à devoir faire appliquer des consignes contradictoires, parfois elles changeaient tous les jours ! Au début, je veux bien, l’inconnu, le doute, voire la peur... Mais presque deux ans après, ce n’est plus acceptable. Désormais je n’ai plus confiance dans ces ordres et contre-ordres...

Et le 12 juillet dernier : le paroxysme de la situation : le discours hyper violent du Président. Instauration d’un passe sanitaire, vaccination obligatoire pour les soignants. C’est l’onde de choc chez la quasi-totalité des soignants que je connais, l’incompréhension, la colère, le dégoût.

Alors que j’ai donné tout ce que je pouvais pour garantir un minimum d’HUMANITE aux patients, comme tous les membres de l’équipe – braves que vous avez applaudis - voilà qu’on nous traite maintenant d’égoïstes, de dangers publics, de parias ou encore de traitres si nous refusons la vaccination.

Ceux d’entre vous qui me connaissent bien savent que je suis conciliant et fédérateur, loyal et pragmatique, que je n’ai rien d’un égoïste. Suite à ce discours, je me suis senti humilié et banni par ce que l’on donne à croire de moi et de tous ces professionnels de santé.

En fait je ne suis qu’une personne réfléchie, censée !

Dans un contexte où la mortalité liée à la Covid est officiellement entre 0,063% [2] et 1% Et parce que « le taux de mortalité passe de moins de 0,1 % chez les moins de 40 ans à plus de 5 % chez les patients de plus de 80 ans, et même 17 % au-delà de 90 ans ». [3] Parce que le vaccin n’empêche ni d’attraper ni de transmettre la Covid, parce que j’ai des doutes sur les risques d’effets secondaires de ces vaccins, parce que j’ai une bonne immunité, parce que je l’ai déjà attrapée, parce que je ne suis pas une personne à risque, parce qu’on a interdit aux médecins de soigner, parce que tous les médecins et soignants qui ont une parole autre que la parole officielle sont muselés, parce qu’on refuse de tester sérieusement des médicaments, et surtout parce que je ne supporte plus cette ségrégation dans la population, je refuse cette idée de passe sanitaire... (je me répète, le taux de mortalité est de moins de 0,1 % chez les moins de 40 ans à 5 % chez les patients de plus de 80 ans). Et visiblement je ne suis pas le seul !

Peut-on vraiment croire que 300.000 soignants qui ne sont toujours pas vaccinés le 13 septembre (soit 2 jours avant la date fatidique de la suspension) [4] / [5] soient tout d’un coup devenus complotistes ?

Comment se fait-il que ce soient justement des soignants qui se mobilisent contre cette obligation vaccinale alors qu’ils sont venus travailler, parfois avec la peur au ventre, les premiers mois ? Posons-nous la question.

Quand je parle à mon entourage des innombrables incohérences et mensonges véhiculés sans cesse par le gouvernement et les médias, ils sont unanimement d’accord. Mais quand je leur parle d’autres chiffres (pourtant officiels) non diffusés par ces mêmes médias, ils n’y croient pas. N’y a-t-il pas une incohérence flagrante ?

Suis-je le seul à m’autoriser à penser ? à réfléchir ? à questionner ?

Je refuse de cautionner un mode de vie basé sur la peur et la division... Je refuse d’interdire l’accès des familles aux résidents... Et c’est d’autant plus incohérent que ces mêmes résidents peuvent (à nouveau) aller voir leurs proches chez eux, mais interdiction à ces mêmes proches, s’ils n’ont pas « le Passe » de rentrer dans l’établissement... Nous marchons sur la tête...

Je suis non-vacciné, donc moi aussi suspendu ! Interdiction de travailler, de prendre soin ! Suis-je réellement dangereux ?? Qui saurait me le prouver ??

Exclu ... sans salaire... Beau chantage qui, il ne faut pas réfléchir longtemps pour le comprendre [6], n’est pas basé sur le risque épidémique.

Je me rappelle certaines interventions de ministre : « On va rendre la vie impossible pour que tout le monde aille se faire vacciner ». Ouawhh leur solution est tellement crédible qu’ils sont obligés de pourrir la vie des gens pour qu’elle fonctionne...

Je suis Non-vacciné... donc SUSPENDU. Mais, au fait, Pourquoi est-ce je que prends tous ces risques (de mourir du covid ? de ne plus avoir de rentrée d’argent ? de risquer une mise au ban de la société ? ...) puisqu’une piqure suffirait à tout m’épargner ?

Eh bien, je le répète : j’ai vécu trop d’incohérence et de mensonge : JE N’AI PLUS CONFIANCE. Mais surtout : je refuse de cautionner ce mode de vie de ségrégation. Je refuse un modèle basé sur le contrôle, JE SUIS UNE PERSONNE RESPONSABLE

Oui, je suis une personne responsable et sensible à son prochain. Je crois en la relation humaine et c’est pour cette raison que je ne peux plus exercer mon métier.

Ces valeurs sont si profondément ancrées en moi, que je n’ai eu d’autres choix que de refuser le Passe sanitaire. En effet, pour moi cette société est en danger, mais pas de la Covid dont on réchappe à 99%. Par contre, quand quelques dizaines de députés votent des lois qui vont à l’encontre du vivre ensemble, en stigmatisant des personnes (qu’elles aient été traitées en héros ou non, peu importe), ce n’est plus supportable pour moi.

La loi m’a « suspendu sans salaire » à partir du 29 septembre 2021.

La dernière fois qu’elle m’a vu, une des Directrice m’a même dit « c’est ce qui a fait que j’ai apprécié travailler avec vous qui nous sépare aujourd’hui ».
Je pense que tout est dit dans cette phrase.

Meilleures pensées à chacun d’entre vous,

Nicolas ERHARDT

Post-scriptum (du 28 octobre 2021) :

Certains d'entre vous se sont inquiétés pour moi et ma famille. Je tiens à vous rassurer, nous vivons cette période comme une chance !

Je redécouvre que l'inconnu est beau ! Je fais aujourd'hui de nombreuses rencontres, dans plusieurs "collectifs" et nous partageons le même but : "remettre l'humain au centre", accepter l'autre tel qu'il est... Et c'est grandiose ! Avoir dit NON, m'a libéré. Et j'ai eu raison, car la Vie m'amène des solutions !!!

Osons ! Ayons confiance ! Ça fonctionne :)

Je vous souhaite à tous d'être en accord avec vous-même.

Merci

Nicolas

 

PS : Un petit bonus que chacun peut analyser afin de répondre à la question : « A la lecture de ces chiffres de Santé Publique France, le passe-sanitaire est-il nécessaire ? » : https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde

[1] 40 résidents et 16 professionnels

[2] https://www.lci.fr/sante/coronavirus-pandemie-deuxieme-vague-non-le-taux-mortalite-du-covid-19-n-est-pas-de-0-05-2169714.html

[3] https://www.lepoint.fr/sante/covid-19-maladie-mortelle-mais-a-quel-point-05-11-2020-2399541_40.php

[4] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/vaccin-contre-le-covid-19-encore-300-000-soignants-n-ont-recu-aucune-dose_4764599.html

[5] Le 20/10/2021 https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/covid-toujours-130000-soignants-non-vaccines-malgre-lobligation-1356527

[6] https://www.lci.fr/sante/coronavirus-pandemie-deuxieme-vague-non-le-taux-mortalite-du-covid-19-n-est-pas-de-0-05-2169714.html (oui c’est le même lien, mais ça vaut d’être rappelé surmortalité de moins de 1%)

Défilement vers le haut