Témoignage de :

L’isolement

28 avril 2021

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L’isolement est pesant. Tel une tâche d’encre, il se répand, imbibe les recoins de mon quotidien.
La solitude , je connaissais déjà mais depuis la Covid , la solitude s’est racornie et transformée. Elle n’est plus un moment de palpitation dans le va et viens intérieur/extérieur, un retour à soi. L'élan vers les autres est entravé de bien des façons. La socialisation est mise à mal.
Avant, vivre seule s'équilibrait avec une socialisation dans bon nombre d'activités extérieures (de loisir ou associative) qui ont été purement et simplement supprimées ou remplacées par des ersatz en visio dont je ne goûte pas la magie. Même l’activité professionnelle ne remplit plus vraiment sa fonction de socialisation.
Je fais partie d un petit service de 7 personnes : 5 personnes sont en télétravail. La semaine dernière, j’étais seule sur le site, une survivante dans un vaisseau fantôme.
Je constate que cet isolement n'est pas un problème individuel, personnel. Dans mon entourage, j observe que certaines personnes s 'enfoncent dans
le silence.
Et puis il y a les désaccords, les anathèmes, ceux qui vous rejettent: leur paix est à ce prix. Beaucoup se contentent de leur périmètre familier : leur couple, leur famille, leur maison sans se préoccuper de ce qui se passe au-delà pour ne pas être atteints, pour ne pas être sommés de répondre en terme de positionnement.
Il y a aussi ceux qui considèrent l autre comme un tueur à gages, un infiltré, porteur potentiel du virus désigné comme mortel. La pulpe des relations humaines est entamée. Le débat d’idées, l’échange sur l’épidémie et ce que nous vivons en
terme social et politique est devenu rare , le plus souvent impossible.
Mes tentatives depuis maintenant plus d’un an pour amener des éléments contradictoires, des nuances, des réserves ont été vaines. Globalement , le conditionnement télévisuel et de la presse écrite mainstream , le conformisme ambiant sont des murs épais qui ont eu raison de la pensée critique et du libre-arbitre.Le corps social n’est plus qu’une hydre à plusieurs têtes qui se meuvent en même temps et de manière identique.
Au secours ! Je vois les brèches, les espaces libres, la diversité qui se réduisent inexorablement. Réveillez-moi de ce cauchemar dans lequel je me sens de plus en plus emmurée. Alerte " Personnes en danger !" Medey, Medey.
" Société en danger"

 

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