Témoignage de :

Mes différentes vagues de la covid

9 mai 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Voici mon vécu au sein de l'APHM.
Je suis aide-soignante depuis 1995 et au sein de l'APHM depuis fin 2003.
J'ai exercé une dizaine d'années aux urgences d'abord de Ste M. ( j'y ai vécu le H1N1 puis le H5N1) ensuite urgence cardio neuro de T. ,une fois que le BMT fut ouvert j'ai demandé mon affectation au service orthopédique de Ste M. , car 7000m2 d'urgence pour moi c'est loin d'être du travail de soins humains , efficaces et de qualité.

Depuis maintenant 1 an nous avons la COVID19,
Pour les besoins hospitaliers voici 3 vagues successives où je me frappe les différents services Covid de la C .
La première vague , n'ayant aucune expérience nous étions tous nerveux, inquiets, obéissants à toutes leurs directives même si nous avions bien remarqué des incohérences et parfois une gestion dont je ne comprenais pas le sens.

Deuxième vague, ils nous ont rappelés mais trop tard du coup les services Covid fermant je me suis retrouvée comme coursière covid avec une collègue ( 12 h à attendre les appels pour transporter des bilans et prélèvements ) .

Et maintenant troisième vague, j'ai passé 3 mois au 6eme Est de nuit, la vague la plus marquante et traumatisante pour moi. Les patients en fin de vie meurent dans des conditions horribles, ils étouffent littéralement. Un service sans porte à code (donc ouvert à tous). Un manque de prises pour les seringues électriques ,obligé de jongler, une prise parfois pour 3 seringues ( très pratique).

Pas d'ASH la nuit donc parlez-moi d'hygiène, sachant qu'un patient Covid a souvent vomissements, crachats, diarrhée et les personnes démentes peuvent également uriner sauf dans les toilettes.
Les patients n'ont pas le droit au traitement de IHU donc pour moi je pense quand même que la charge virale dans le service est très haute d'où l'infection du personnel malgré la tenue et les masques. Ayant contractée la Covid variant anglais, je peux affirmer que le traitement fonctionne tout au moins sur une personne de ma constitution.
Les internes qui gèrent le service sont novices dans ce contexte ils ne savent pas comment et quand il faut agir. N'étant pas thésés ils ne peuvent pas non plus signer pour le départ d'un corps pour le dépositoire la nuit, du coup le corps peut rester jusqu'à 12 h dans la chambre , emballé dans 2 sacs mortuaires javélisés, tel un morceau de viande 😢, vêtu simplement d'une blouse jetable.
Comme vous pouvez le constater et y'en aurait encore beaucoup à dire nous avançons dans un méandre d'incertitude, d'irresponsabilité, d'hésitation ,d'inhumanité.
Le patient devient un rendement ,une pompe à fric, un numéro... quel dommage pour le système hospitalier qui pourrait tellement être plus ...
Nous avons des médecins de qualité, du personnel compétent ,des services, des ailes d'hôpitaux entièrement vides..
De plus la direction a même exigé à certains, l'obligation vaccinale pour pouvoir réintégrer leur service.
Voilà l'enjeu actuel pour revenir à une vie plus réaliste est colossale je souhaite de tout cœur pouvoir y contribuer.
Merci à vous tous
Dominique

Défilement vers le haut