12 janvier 2022
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Cher(e) toi, cher(es-s) Vous,
Une période de vacances forcées, finalement tout à fait bienvenue, me laisse le temps de vous écrire mes vœux pour cette nouvelle année. J'aimerais vous dire à quel point je suis confiante et pleine d'espoir pour cette année qui pointe son nez. Pourtant à ce moment précis, j'aimerais surtout vous faire part de ma grande inquiétude concernant le discours et l'ambiance politico-médiatique qui sont en train d'être subtilement mais profondément instaurés. Comme vous avez sans doute pu le remarquer, les sorties publiques (et probablement privées) haineuses concernant les personnes non-vaccinées sont pléthore aujourd'hui, et il n'est pas rare d'entendre des médecins ou hommes politiques s'interroger, par exemple, sur le fait de rendre payants les soins liés au covid pour les personnes non vaccinées. On peut entendre un éditorialiste, un homme politique, un journaliste clamer qu'il faut traiter les non-vaccinés "comme des parias", les dégrader de leur statut de citoyens, "aller les chercher avec les dents".... Et pourquoi pas avec des machettes, tant qu'on y est ? Quelle que soit la position de chacun concernant la vaccination, il me semble urgent de nous inviter tous à la prudence et à la circonspection. On peut accepter certaines règles limitant nos libertés, justifiées par "le bien commun". Mais au nom de ce bien commun, peut-on inciter à la haine, à l'exclusion, à la peur de l'autre ? Car c'est ce qui est en train de se passer, ces discours haineux sont répétés à l'envi, banalisés au quotidien par des personnalités, sans modération de la part des journalistes, sans nuance de propos, sans débat. L'intérêt est de faire des "punchline", du "buzz", de l'audience, du chiffre. Et le silence coupable des observateurs... Quelle que soit la raison invoquée, il me semble que ces discours nécessiteraient d'être modérés, d'être réellement discutés, interrogés, débattus loyalement et avec lucidité, à l'aune de certains concepts, de certaines valeurs. Et ce n'est pas le cas. Aucune intervention (ou si peu) pour souligner que, tout de même, d'un point de vue éthique ou philosophique, ou humaniste, ou politique, ou social... ces propos posent peut-être un sérieux problème. Ces discours sont dangereusement banalisés. Et ce virus qui se propage, n'est-ce pas également et surtout celui de la haine de l'autre. Ce sentiment qui est présent en chacun de nous et n'a besoin que d'une toute petite étincelle pour flamber. C'est un jeu médiatique et politique qui rapporte probablement beaucoup d'argent, j'imagine. C'est un jeu. Oui, mais c'est un jeu dangereux. Car ce qui se passe dans la tête et dans les cœurs de nos concitoyens, c'est une forme de validation de cette attitude haineuse par les autorités. Ce qu'ils entendent, en filigrane, inconsciemment (et c'est là ce qui, à mon sens, est dangereux), c'est que oui, ils ont le droit d'être haineux, ils ont le droit de discriminer et d'exclure une frange de la population. Par ce biais, on les y autorise. Puisque les hommes politiques, les scientifiques, les journalistes le font à la télé, pourquoi pas eux ? On attise la haine des uns et des autres. Cette haine, aujourd'hui, est tournée vers telle partie de la population. Cette partie que l'on tient responsable de la propagation d'un virus. Mais dans les esprits de nos concitoyens, n'est ce pas juste l'acte d'être haineux qui est validé ? Quelle que soit la direction que prend cette haine? Et quelle direction prendra-t-elle ensuite ? Je vous semble trop pessimiste peut-être, ou catastrophiste. Non, je ne fais que constater les débordements haineux et les déchainements de violence verbale qui sont devenus le quotidien de notre paysage politico-médiatique. Alors soyons vigilants, car sans vouloir être alarmiste, sans vouloir même être simpliste, examinons l'Histoire. L'Histoire nous dit comment, dans des contextes de crises économiques et sociales majeures, les politiques ont divisé les populations, montant les uns contre les autres, attisant petit à petit une forme de haine ordinaire, banale, acceptée par tous, voire même encouragée. Les résultats de ces élans de discrimination ont été sanglants par le passé, pour bien des peuples. Alors je nous y invite : soyons vigilants. Ce n'est peut-être rien, ça va peut-être bien se passer, cela ne va peut-être pas si mal tourner, et je l'espère. Peut-être connaitra-t-on ce "retour à la normale" qu'on nous fait miroiter (à condition que chacun se mette bien au pas). Pour autant, soyons vigilants et ne cédons pas à la peur et à la haine ordinaire qui semble avoir gagné beaucoup de cœurs. Et c'est un exercice difficile, car naturellement, nous sommes tous enclins à la haine, séduits par ce mécanisme tant il est facile et naturel. On ne s'en rend même pas compte d'ailleurs. S'interroger, prendre de la distance, douter, exercer son esprit critique, examiner ses propres préjugés, c'est peut-être cela, ne pas céder à la facilité. Voici donc mes vœux pour 2022 : je nous souhaite à tous de savoir instiller dans l'esprit et le cœur de nos proches, de nos relations de travail, nos amis, nos familles, un peu d'apaisement, de pondération et de raison, de manière à ne pas voir notre tissu social se déchirer encore plus profondément qu'il ne l'est déjà. Soyons vigilants... ET je te/vous présente mes meilleurs vœux pour l'année 2022.
V, le 31décembre 2021