Témoignage de :

Mettre au monde pendant le confinement

24 décembre 2020

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J’ai accouché le 19 mai 2020, en urgence, en plein confinement. J’ai fait une embolie pulmonaire et une cholestase. Mais je n’ai pas pu être hospitalisée car COVID ! ..., j’avais, en plus, de l’hypertension et du diabète gestationnel… J’ai donc été suivie en visio et fait une consultation avec l’anesthésiste par téléphone...

Quelques jours avant l’accouchement, le 12 mai, je décide d’aller à la maternité car je ne me sentais vraiment pas bien, et pour cause, je commençais à faire une prééclampsie. On m’hospitalise donc pour trois jours mais je suis contrainte de rentrer chez moi car, à cause du COVID, il vaut mieux « éviter d’être à l’hôpital ».

Le 18 mai, veille de l’accouchement, je sens le bébé moins dynamique dans mon ventre et moi, j’ai des vertiges, je me sens mal. Je demande à mon mari de m’emmener à la maternité où l’on me prend pour une pénible. Après une prise de sang et une écho, on me renvoie chez moi, apparemment rien ne cloche ; mais à 14h, la sage-femme m’appelle pour me dire que je serai hospitalisée le lendemain. Je suis inquiète, mais je décide de leur faire confiance. Ce même jour, le gynécologue me contacte en me disant de venir de toute urgence pour une césarienne ; le bébé et moi sommes en danger. Mon mari revient du travail en catastrophe et mes parents viennent garder mes autres enfants.

Arrivés à la maternité, on m’annonce que je fais un échange de sang avec mon bébé comme je suis sous Lovenox, la césarienne ne pourra se faire avant 12 heures. On me met sous monitoring et on me demande de prendre des décisions : que faire si le bébé décède et si je décède ? Mon mari et moi paniquons, angoissons, personne pour nous soutenir mais nous arrivons à faire des choix que nous espérons les bons.

A 20 heures, je pars au bloc, en pleurs, masque sur le nez, excellentes conditions pour donner la vie !
Alors que je me mets à vomir, on décide après plusieurs minutes de m’ôter le masque, étant en train de m’étouffer dans mon propre vomi. J’entends alors l’anesthésiste dire que je ne vais certainement pas m’en sortir, que des caillots de sang se sont formés, que je fais une hémorragie.

Je me réveillerai, bien plus tard, en salle de réveil, réclamant mon mari et ma fille, mais à cause du COVID, ils ne peuvent pas venir. Après quelques hurlements, ils finissent par les laisser me voir. Mon mari est en pleurs, on lui a dit que je risquais de mourir.

Après une phlébite au bras où ils m’ont transfusée, on nous met encore dehors, car l’hôpital ce n’est pas bon avec le COVID.

Mon mari et moi sommes traumatisés. Si j’ai failli mourir, si ma fille a failli mourir, ce n’est pas à cause du COVID mais bien à cause des mesures aberrantes prises par le gouvernement.

L.

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