Témoignage de :

NICOLAS

23 septembre 2021

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« Pour moi, le premier confinement, ça m’a rendu service, ça m’a presque sauvé dans mon intégrité, intellectuelle et physique, parce que j’étais épuisé par 20 ans de bons et loyaux services dans le métier de la prestation de rue et des spectacles. J’avais vraiment besoin de faire une pause, mais je ne le savais pas.
C’est maintenant que je mesure à quel point ça m’a fait du bien.
J’ai eu un désir profond de me retrouver, et d’agir dans chaque détail de ma vie, de fonder mon action sur ma propre volonté. D’être dans une solitude absolue et vraiment fondatrice de mes faits et gestes, de ce que je décide ou ce que je ne décide pas. Et de le faire justement en me disant que si cette société est à ce point éloignée de l’être humain, de ce qu’il a besoin d’être, alors je dois m’en éloigner. Pas des gens, mais du modèle de société qui nous est proposé.
Finalement, ça a été une explosion sociale. J’ai mis en place, chez moi, un système de livraison entre des producteurs locaux et des gens de mon quartier. J’ai tout créé autour de moi pour qu’il n’y ait pas de distance sociale, et ça m’a montré qu’une autre vie est possible.
Que l’être humain n’est absolument pas à l’image du veau, du mouton décérébré, qui est fataliste et qui attend qu’on lui donne la becquée parce qu’il n’a pas d’idée, parce qu’il est tout simplement tourné vers son ego et vers l’argent. L’être humain est tout à fait autre. L’enfant est tout à fait autre.
Je ne sais pas encore comment, mais j’aimerais interpeller chaque être humain, artiste au fond de lui, au fond de son cœur, qu’il prenne conscience que le champ est libre. La voix est libre. C’est à nous de nous saisir des cartes pour rebattre les choses et créer un nouveau monde. Ce sont les artistes qui vont pouvoir le faire. Tous en fait. On est tous artistes.
Quand un clown est sur scène, s’il arrête de bouger, il est mort. Ne plus faire rire, sentir qu’on perd l’inspiration, c’est le lot de tous les clowns.
La seule solution, c’est bouger. Même si tu as un plateau vide, rien qu’en bougeant, en allant transfigurer quelque chose, transformer une substance, instantanément, tu sors de l’inéluctable fin du monde.
Cette mort au bout du chemin, qui est désespérante. Et tout d’un coup, ça me fait penser à Bashung :
« Je ne t’ai jamais dit mais nous sommes immortels ». »

28 avril 2021

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