Témoignage de :

Parler à mon père

9 mars 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Suite à une chute à son domicile mon père âgé de 90 ans a été hospitalisé aux urgences le 24/01/2021.

A son arrivée, il a été testé positif au Covid, alors qu'il avait été testé négatif à la Résidence Autonomie où il occupe un petit appartement, il avait été vacciné 8 jours auparavant. Transféré de ce pas à l'IHU il a été pris en charge par une équipe dévouée, compétente et à l'écoute.

Guéri au bout de 8 jours il a été transféré en SSR pour la prise en charge de la rééducation consécutive à sa chute (vertèbre thoracique fêlée).
Depuis son départ le 24/01 je ne l'ai pas revu.
Il souffre vu son âge (90 ans) de troubles neurologiques et n'a pas intégré sa chute.
De ce fait il ne comprend pas pourquoi il ne rentre pas chez lui et est assez réfractaire à toute prise en charge. Je n'ai pas pu l'approcher pour lui expliquer et Il pense que nous l'avons abandonné.
Il est difficile de le joindre par téléphone car il n'entend pas son portable, et ne porte pas ses appareils auditifs, que l'équipe oublie régulièrement de recharger.
Il faut savoir que depuis son transfert, malgré tous mes appels je n'arrive pas à obtenir de rendez-vous avec l'équipe médicale.
Les visites sont strictement interdites à cause soi-disant du virus, j'ai cru comprendre que c'était surtout dû au manque d'effectifs et de temps. Il n'y a pas de volonté de la part de la Direction de l'établissement de mettre en place un accueil pour les familles. On se retranche derrière le "manque de respect des gestes barrières par les familles" qui sont vecteur de contamination pour justifier ces mesures d'interdiction. Les familles sont culpabilisées de fait et les malades "punis".
Le rôle des familles se borne à venir chercher et rapporter le linge, de préférence aux heures et jours qui conviennent à la clinique.

Je précise qu'à 62 ans je suis toujours en activité, mon temps est donc assujetti à mes horaires de travail + couvre-feu et la clinique est à 30kms de mon domicile.
J'ai l'impression de "déranger" lorsque je demande que l'on mette ses appareils auditifs et son portable en charge.
Les rares fois où j'ai eu papa au téléphone (au moment des repas) il pleurait et m'a dit que je l'abandonnais.

Certes je relativise, étant moi-même dans le milieu paramédical, je prends sur moi mais j'avoue que ma patience s'épuise et je suis à la recherche de texte stipulant l'interdiction "des visites" à nos aînés.
En fait sous prétexte de les protéger nous les maltraitons.

On peut se poser la question de savoir s'il est judicieux de maintenir ces personnes dans ces conditions d'abandon physique et de dénuement psychologique. Est-il préférable de vivre longtemps seul à l'abri de tout virus et sans lien social où vaut-il mieux privilégier la relation avec les siens au prix de quelques mois en moins à vivre ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici, "de quelques mois". Nous avons tous conscience de la durée de vie en moyenne dans les EHPAD...
En ce qui me concerne le choix est fait !
En attendant je voudrais "PARLER A MON PERE" et compte sur votre aide pour m'aider dans ma démarche.
Existe-t-il un collectif de familles qui sont dans le même cas que moi ?
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Patricia S.

Défilement vers le haut