Témoignage de :

Passe ton chemin

5 janvier 2022

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Merci de nous donner la plume.

En mars 2020 j'ai été confinée, à cause de quelques cas de COVID dans ma commune. Cela m'a provoqué une angoisse indéfinissable, angoisse accrue lorsque j'ai dû sortir de chez moi, avec une attestation, pour me rendre au supermarché, seul commerce ouvert. Là, j'ai eu la sensation de vivre une fin de monde, tout aseptisé, un silence assourdissant, des caddies remplis à l'extrême de tout et n'importe quoi. Je n'ai eu qu'une hâte, rentrer chez moi. Ensuite, j'ai eu peur de ne plus voir ma fille, mes amis, de m'avancer vers l'inconnu, de vivre une fiction comme "soleil vert".

Depuis, je n'ai fait que télé travailler en organisant régulièrement des rencontres visios avec mon personnel (j'étais responsable d'un service international à Pôle emploi). Dans l'urgence, j'ai dû rapatrier, avec beaucoup de difficultés de transport, une bonne centaine de stagiaires répartis en Europe, tout en les apaisant. Suivre les rapatriements, m'enquérir de leur bonne arrivée et les assurer (...) d'un prochain autre départ. Cela a duré jusqu'en juin. Ce fut très difficile. La hiérarchie était très occupée à ré organiser matériellement l'ensemble des services dans ces circonstances, donc
absente pour répondre à l'anxiété, et elle-même anxieuse de l'avenir. A partir de ce moment, tout a changé. Les relations humaines, exclusivement par visio, une organisation du travail qui devait faire face aux difficultés du personnel (enfants, écoles, maladie...), et au stress de nos usagers. Il a été évident et naturel de constater un désengagement professionnel face à ce climat anxiogène, plusieurs collègues absents atteints du COVID. Nous étions déjà dans une grande fatigue morale, je devais toujours faire preuve de dynamisme, de gaieté, et d'imagination pour faire en sorte que les choses continuent.
Puis, comme prévu, je suis partie en retraite en décembre 2020. J'ai eu beaucoup de difficultés pour clôturer mon dossier de retraite, pas de RDV, que des échanges de mails, de téléchargements sur des systèmes non prévus et en bugg constant, des n° de tél de plateforme sans personne pour répondre...Quant à mon départ, au bout de 40 ans de service, rien, hormis de très proches collègues en visio sur 30 minutes. J'ai reçu froidement une lettre administrative sans même une signature manuelle, un petit mot personnel, m'avisant de la rupture de mon contrat de travail.

Là, j'ai sombré. La fatigue, la déception, la grande peine de partir ainsi, j'ai passé le 1 janvier 2021 dans mon lit, et ne l'ai pratiquement pas quitté pendant 15 jours. Il m'a fallu trouver les ressources en moi pour me relever. Depuis, je me suis encore plus intéressée aux relations humaines, aux médecines douces, au développement personnel, à l'éthologie du vivant (quel est ce monde de consommation à outrance), à la biodiversité, au monde animal (j'ai passé l'ACACED et suis une formation de comportementaliste canin), aux différentes voix qui se sont élevées tout au long de cette crise, qui devient une crise de société, j'ai regardé ce monde autrement, j'ai mis un stop à tout ce qui est superficiel. Le monde animal m'apprend
beaucoup sur le comportement des humains. En effet, le monde animal, plus largement notre environnement, est en écho avec nos agissements.
Nous sommes bien les seuls êtres vivants aussi cruels, égoïstes, inconscients de nos besoins vitaux et du bonheur d'être sur cette si
belle planète. Il est temps que nous ne prenions pas conscience de nos actes, et que nous profitions de ce moment de crise pour réformer
profondément notre façon de vivre, notre vivre ensemble.

Merci encore, bravo pour votre courage, de tout cœur avec vous.

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