Témoignage de :

Pour Annie

4 janvier 2021

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J’avais une amie,

Une belle amie pleine de poésie et de rire. Tout autant que de tendresse et de finesse.

Un plaisir de la rencontrer dans son EHPAD.

 

Elle me racontait ses « Résistances » :

Comment elle faisait des pieds de nez au « cochona minus ». Elle lui a même dédié un poème !

Comment elle ne laisserait pas le régime militaro-sanitaire de la maison écraser sa joie de vivre.

Comment elle disait doucement à l’aide-soignante, de sa voix chantante :

« Voyez-vous, Madame, je suis venue ici avec dix culottes en dentelle, comment se fait-il qu’il n’y en ait plus que trois à présent ?»

 

Elle me faisait lire ses cahiers écrits entre 15 et 25 ans. Ses yeux aveugles ne le lui permettant plus.

Un jour, elle s’écrie tout sourire : « Ah, c’est formidable ! je n’ai vraiment pas changé ! »

 

Elle avait le projet de se faire élire « représentante des résidents » au Conseil de Maison,

Et réclamait un micro pour que tous et toutes entendent haut et clair SA PAROLE.

Pour proclamer, si on les avait oubliés, les droits des personnes à être écoutées, à être respectées dans leur dignité et non pas traitées comme des bébés, des bébés maltraités.

 

La dernière fois que je l’ai visitée, dans le parc ensoleillé,

Nous avons longuement parlé – avec nos visages masqués !-

Le lendemain, elle était enrhumée.

Au Covid, tous ont pensé. Le test positif l’a bien confirmé.

Elle est morte quelques jours après non sans avoir exigé des explications pour le traitement donné avant de donner son consentement éclairé.

 

Elle avait vécu quatre-vingt-seize années .

Et je l’ai bien aimée.

 

PS : Le Covid, elle ne me l’a pas donné.

 

Françoise

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