Témoignage de :

Rebelle

9 août 2021

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D’après le dictionnaire« Robert de poche » : « qui rejette l’autorité légitime », «réfractaire à », « qui résiste à ».

 

Dernièrement, S. ma petite fille de 7 ans est allée me chercher l’autre, la seule référence du genre trônant dans ma cuisine pour solutionner un terme énigmatique trouvé dans une des histoires du soir. Pleine d’enthousiasme je l’ai vu ramener toute fière et à bout de bras ce volume de 4, 060 kg appelé ironiquement le « petit » Robert (je n’ose imaginer la tête du grand !).

Dans celui-ci on précise : « qui est en révolte ouverte contre le gouvernement ou contre une autorité constituée », « qui est fortement opposé, hostile à quelque chose, qui refuse de s’y soumettre »… Je m’y retrouve assez et depuis toujours avec parallèlement associé l’épithète de « idéaliste », lancé jadis comme une gentille tare dont la vie et son expérience parviendraient à terme à me débarrasser.

 

Si bien sûr, je me suis émoussée avec les années, la fatigue et les désillusions, quelle n’est pas ma joyeuse surprise de me voir aujourd’hui encore si préservée !

Mon énergie encore levée pour dire mon désaccord du temps comme quand à 14 ans je refusais déjà de me « spécialiser » dans une orientation professionnelle quand la vie m’offrait un horizon ouvert.

Là où tout ce qui m’intéressait (histoire, musique, lettres et arts) semblait, d’après les grands, destiné à me laisser choir dans une pauvreté sans nom. Je les ai crus en partie et pris mon balluchon de promeneuse au lieu de celui des études. Rien n’y a fait, la nature chassée est revenue au galop, et me voilà effectivement dénuée mais heureuse d’un équilibre trouvé, même fragile, dans mes activités.

 

En 1988, le premier salon de l'informatique à Nîmes m'a offert son premier prix avec l’unique billet que j’y avais pris par désinvolture, alors que je suivais un stage de recyclage pour chômeuse repentie. Il s’agissait d’un ordinateur PC, système DOS, pesant son poids. Aussitôt reçu, aussitôt casé dans …la remise. Pas question pour moi alors de cautionner un outil prédisant la mort des communications directes. 2 ans plus tard, intact, je le revendais à une association. Peu après je découvrais l’univers Windows comme secrétaire polyvalente d’un GIE d’ingénieurs.

Maintenant, c’est un meuble dont je n’imagine pas me passer. Mais que je quitte volontiers lors d’escapades vacancières. Quand le portable est arrivé dans ma vie, il resta dans ma poche un long moment, muet. Au bout des quelques jours, étonnée de ne recevoir aucun appel je m’en ouvrais à mon fils qui me demandai de voir l’appareil. « Mais maman, ton téléphone est éteint ! » Et alors ? » « Eh bien si tu veux passer des appels et en recevoir, il faut l’allumer ! ». « Mais si je fais cela je vais activer des ondes nuisibles ! Ca ne peut pas fonctionner autrement ? »

 

Personne n’ayant répondu à cette question, je me suis donc convertie à ce qui m’était offert en tentant de ne pas en abuser, ce qui en fait ne me pose pas de problèmes puisque je l’oublie régulièrement. Mais le mal est fait pour bien d’autres que je voie, consternée, la tête baissée sur un écran quand leur environnement proche leur offre tant de questions et d’univers à découvrir. Le pire : les parents qui, au lieu de sourire à leurs enfants, de jouer avec eux, de s’y intéresser, se connectent… J’ai mal à cette société qui se soumet au confort et à la facilité. Il y a tant de fierté à s’en détacher.

 

Aujourd’hui plus que jamais me voilà, j’arrive,

 

rebelle !

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