Témoignage de :

Requiem pour une muselée

21 mars 2021

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1 an déjà que ce nouveau paradigme est en place.

1 an déjà que les liens tendent à se détisser quand beaucoup s’isolent et se divisent. 1 an déjà que des résidents d’établissements médico-sociaux souffrent et meurent seuls. Ayant pour seuls accompagnants des soignants en grande détresse morale, détresse physique, détresse psychique.

1 an déjà que je retiens prisonniers ces résidents à qui l’Etat n’a même daigné demander leur avis sur la situation.
1 an déjà que je me débats, avec une équipe formidable, pour protéger ces résidents, pour les rassurer, pour égayer leur quotidien affectivement miséreux, pour écouter et entendre les familles, pour appliquer, désappliquer des protocoles de non- sens et sans prise en compte de la réalité du terrain.

1 an déjà et nous sommes épuisés, à bout, déprimés, cependant, toujours avec la même envie de faire encore plus pour ces résidents.

1 an déjà que j’applique tout en modelant pour que les résidents pâtissent le moins possible des restrictions.

1 an d’illusions.

1 an de fausse soumission.
1 an déjà que nous sommes muselés.
1 an déjà de perdu et d’irrattrapable pour l’amour.

Je sais que je ne sais rien... je ne suis qu’une directrice, une femme de terrain, une femme investie et sacrifiée.

Gwendolyn.

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