Témoignage de :

Respirer ou étouffer ?

19 juin 2021

Partager cet article

Share on facebook
Share on linkedin
Share on twitter
Share on email

Bonjour.
Je vais ce mercredi 12 mai tranquillement au bureau de poste de ma ville.
Je suis asthmatique depuis 1982. Je suis sous traitement d'histaminum (15ch) que je gère en temps de crise. Je n'ai jamais eu besoin de ventoline.

Dans la rue, je me promène sans masque, je respire souvent par la bouche. Je sais que je vais trop vite et que j'avale encore plus de pollens, mais c'est ma façon de lutter contre la morosité dépressive qui peut m'envahir. Quand je sors, c'est pour profiter. Vient mon tour de rentrer dans le bureau de poste, après une file d'attente bien '' Pologne 1980's ''. Je constate immédiatement qu'il n'y a pas de ventilation, pas de climatisation comme au supermarché où je résiste habituellement 1/2 h pour faire des courses au pas de course. La porte est ouverte, mais je sens la différence. J'ai un masque avec une seule, juste histoire de donner le change. J'aspire de longues bouffées d'air, mais mes jambes ne résistent pas longtemps. Il y a des guichets où personne n'est servi, je demande donc à être servie là puisque ça s'éternise et que je ne me sens pas bien. Une personne me fait remarquer que je ne suis pas seule, mais je n'ai pas revendiqué de passer avant les autres. ''vous sortez et vous revenez'' '' la prochaine fois, vous vous faites représenter pour poster votre courrier''.

Les réponses sont précises, visiblement bien rodées. Je n'en crois pas mes oreilles. ''vous n'êtes pas pro, vous ne pouvez pas passer là''. La personne devant moi fait judicieusement remarquer qu'une personne rentrée après nous est passé '' prioritaire '' avant nous sans motif apparent le justifiant, et déclare '' je m'en vais ''. Je crois comprendre à son échange de regard qu'elle pense comme moi, il y a des passe droits et des refus. Le bureau est visiblement incohérent La personne qui m'a '' mal parlé '' , qui s'est absentée deux minutes, reviens. J’étouffais, j'ai enlevé mon masque. Elle me cria aussitôt '' vous sortez ou vous remettez votre masque ». J'explique que je suis en train de faire une crise d'asthme, ce qui ne s'entend pas, je ne tousse pas encore....J'ose un '' vous ne savez pas ce que c'est…''

''si, parfaitement''
''vous n'allez pas jouer à l'ayatollah du masque''
''et vous, vous ne parlez pas comme ça, vous n'allez pas hurler (hum) vous allez arrêter de faire votre diva''
En termes de diva, cette dame a l'air de savoir de quoi elle parle puisque sa voix de stentor résonne plus que la mienne.
'' j'étais en train de prévenir la directrice, elle commençait à venir''
La belle affaire. La personne se calme, mais pas sa voix, et finit par m'orienter vers le carré pro (vu la file d'attente qui s'allonge, il faut bien servir tout le monde), tout en me faisant sentir que c'est une faveur. Elles s'y mettent à deux personnes
'' vous devez respecter la réglementation en vigueur''
C'est un tourbillon entre l'achat de deux timbres et ces personnes qui me font la morale alors que je transpire devant elles. La personne qui me sert à les yeux injectés de sang. Je finis par sortir les larmes aux yeux, à reprendre ma respiration pendant 5 bonnes minutes assise par terre. Chacun vaque à son affaire, je passe inaperçue. Je rentre chez moi déboussolée. J'ai oublié un service, j'ai oublié de passer à la mairie également.

J'ai un contact de laissons les prescrire. Je verrai si je peux obtenir une dispense de port du masque.

Je suis déjà une citoyenne de seconde zone.

 

Seconde partie

Depuis cet "incident", j'ai obtenu un certificat que je ne divulgue pas, puisqu'apparemment les médecins anti-masques sont soumis à expertise psychiatrique!

Et...
Dans le train.
Un mardi soir, un mercredi matin, je croise le même contrôleur. Il accepte mon certificat: je suis tenue de le montrer, il est officier assermenté. Mercredi matin "j'en ai parlé à ma chef, je dois vous isoler".

Je proteste. Je suis sur un ter en Rhône-Alpes, même tarification en première et en seconde, j'ai opté pour la première vu ma journée (vélo-boulot, vélo-boulot...).
"Vous êtes deux, je vais demander au jeune homme de passer en seconde."
Je proteste.
"C'est à moi de me déplacer, il était installé avant moi".
"Dans ce cas, vu le monde en seconde, je fais le tour du train, je reviens vous voir".
Il revient.
"Vous allez me suivre s'il-vous-plaît".
"La sncf décline toute responsabilité, et j'ai mon vélo avec moi".
"Ah, si vous avez votre vélo, ça change tout; monsieur va donc devoir se déplacer".
Je proteste. Gentiment, mais fermement. À nouveau. Toujours.
"Il ne se sent pas en danger, on en a parlé, si je me déplace de quatre siège (ce qui mettra 4 mètres d'écart en diagonale au lieu de quatre en horizontale, sachant que ce sont toujours des droites.... la situation est RIDICULE, mais bon...)
"Monsieur doit me suivre"
"Ça me va, je n'ai rien dit", dit-il; et pour cause... il a enlevé son masque en l'absence du contrôleur.

Je me retrouve donc seule.
Est-ce que la prochaine fois qu'il ne pourra pas m'isoler, il me demandera de descendre du train à la prochaine gare en disant que certes il respecte mon certificat mais qu'il ne peut pas prendre le risque de me transporter ? Est-ce que je lui dit que dans les avions (d'ailleurs, ils peuvent en faire n'importe où), les vaccinés sont désormais refusés à cause des risques de thromboses ? Et s'il me contraint à porter le masque, je peux étouffer sous asthme?

Je vais prévoir des petits cœurs et des étoiles jaunes... des cœurs à distribuer aux contrôleurs et des étoiles jaunes à épingler puisque je suis désormais une citoyenne de seconde zone ségréguée.
Je croise également des KAPOS "je suis en droit de vous demander pourquoi vous n'avez pas votre masque".
"Vous n'avez aucun droit; vous n'êtes pas de la police".
et Dans un train, peu avant le contrôle de mercredi matin, quelqu'un me fait des gestes pour me faire comprendre que je dois mettre le masque. Est-ce que je suis un chien que l'on siffle? Est-ce lui le chien derrière sa muselière, déjà en train d'étouffer au point de garder son air? Je m'aventure à lui répondre "vous n'êtes pas de la police, je n'ai pas à vous expliquer pourquoi j'ai une dispense". Le haussement d'épaules est interprétable, sauf que je tente de respecter les 4 accords toltèques.
MarBer

 

 

Défilement vers le haut