Témoignage de :

Soins asphyxiés

24 décembre 2020

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Je suis Sandrine Briancourt, je suis infirmière D.E. depuis 26 ans. J’ai exercé en réanimation chirurgicale dans le privé, en service de cardiologie vasculaire, puis en service d’onco-hématologie transplantation médullaire pédiatrique en secteur public, puis j’ai passé un concours pour exercer en santé scolaire.

Je travaille actuellement dans un lycée où je suis en poste depuis 2010. Je suis estimée par ma hiérarchie comme étant une professionnelle experte dans mon domaine. Je tiens à témoigner aujourd’hui pour mettre en évidence toutes les incohérences d’un système sanitaire qui ne protège absolument plus notre population mais qui la met en danger. Et je me dois, en tant que professionnelle de santé d’alerter sur les dangers encourus pour chacun d’entre nous.

Je vois aujourd’hui chez les jeunes pour lesquels je travaille, l’émergence de signes cliniques inquiétants et non des moindres. Alors évidemment je ne pourrai fournir d’éléments de comparaison des années antérieures à 2020, puisque mes pratiques ont évolué pour s’adapter au contexte sanitaire. En effet, puisqu’on nous rabâche H24 que nous sommes face à une épidémie très mortelle, je me dois d’être vigilante et de dépister des signes cliniques faisant évoquer une infection au Covid 19. Pour être honnête je le fais plus pour me protéger d’éventuelles plaintes de parents procéduriers que parce qu’il y aurait un réel danger. C’est pourquoi chaque jeune qui se présente aujourd’hui en consultation, et ce depuis le 01 septembre 2020, pour des céphalées, une toux, une douleur pharyngée, une fatigue passagère, je prends systématiquement les constantes suivantes : température, tension artérielle, saturation en oxygène et pulsation cardiaque (sachant que mesurer la saturation en oxygène devant aucun signe de détresse respiratoire ne sert absolument à rien mais ça rassure les patients…). J’ai très nettement pu remarquer que les pulsations cardiaques de tous les jeunes portant le masque toute la journée au lycée étaient nettement augmentées, dépassant souvent 90 BPM alors qu’aucune hyperthermie ne pouvait le justifier. Il est facile de comprendre que par manque d’oxygène, le cœur pompera plus pour apporter l’oxygène nécessaire aux cellules. Par ailleurs, je reçois en consultation plus de jeunes pour céphalées, asthénie, manque de concentration, baisse de concentration, vertiges voire même malaises vagaux. C’est flagrant. Mauvaise ventilation, essoufflements décrits par certains patients. Facile à comprendre, nous respirons notre gaz carbonique. Le cerveau est mal oxygéné, cela génère une typo vigilance par ralentissement du système nerveux. J’ai aussi des jeunes en total stress car ils ont peur d’être atteints par le virus et viennent me consulter afin de s’assurer qu’ils ne sont pas malades. Leur angoisse est démesurée et surtout handicapante. Certains même ont beaucoup de mal à se rendre en classe de peur d’être contaminés et s’absentent donc au moindre bobo.

J’ai un étudiant qui, au lendemain d’une injection de vaccin anti grippal a déclenché un syndrome grippal et était persuadé d’avoir le virus Covid 19. J’ai eu la mère au téléphone à plusieurs reprises, en pleurs, paniquée à l’idée que son fils allait mourir !!!! Ce jeune a été testé 13 jours après les premiers symptômes et il était négatif. Beaucoup de stress pour cette famille, beaucoup de stress pour cette maman. Fort heureusement, je suis restée calme, rassurante et je n’ai pas mis en branle toute cette machine infernale qui aurait fait paniquer l’ensemble de la communauté éducative ! Pour un peu on aurait fermé le lycée car ce jeune est interne ?? les gens ont peur ; même avec leur fichu masque ! Paradoxe…. Alors pourquoi ce masque? A quoi sert-il alors ???? On se le demande. Pas à rassurer en tout cas vu la réaction des gens face à un cas suspect.

Venons-en à ce fameux masque ; je vais apporter mon expérience professionnelle du bon usage du masque. Puisqu’ayant travaillé en secteur stérile, où chaque enfant soigné était enfermé dans une chambre spéciale surpressionnisée, nous travaillions 12h/ jours dans des conditions strictement stériles. Gants, sur blouses, calot, et masque évidemment changés à chaque entrée dans une chambre après un lavage de mains type 2. Aujourd’hui pour faire face à une épidémie, il nous est imposé de porter un masque, partout, à l’extérieur comme à l’intérieur. Les masques grands publics sont inefficaces, ceci est indiqué sur chaque boîte. Nous demandons au public de porter un masque et d’en faire un usage qui, pour être efficace, devrait être mis dans des conditions strictes et professionnelles afin d’une, de ne pas contaminer le dit masque avec nos mains en le mettant ; deux de ne plus y toucher une fois posé ; trois, de le changer au moins toutes les 4h ; quatre, de le jeter dans des containers prévus à cet effets ; cinq, d’avoir des masques type FFP2 afin que la filtration soit optimale. (Protéger et être protégé). Et bien évidemment de se laver les mains à chaque manipulation de ce masque. AUCUN je dis bien AUCUN jeune ne fait ces manipulations fastidieuses et coûteuses. Les jeunes ont pour la plupart des masques en tissus qui ne servent aucunement à protéger les autres, et encore moins à les protéger. De plus ils les ôtent, les posent n’importe où, les mettent dans leur poche et n’en changent que peu souvent (les jeunes me disent qu’ils les changent tous les 15 jours voire encore moins souvent…). Aberration, nos jeunes vont manger, sans masque, bien sûr, dans un lieu clos, et là impossible de maîtriser les distanciations de plus de 1 mètre. Le gel hydroalcoolique distribué est mal appliqué donc inefficace aussi, et les jeunes mangent, et cela rassure tout le monde. Pourtant rien de tout cela ne permet de maîtriser un virus de se répandre. Par ailleurs, les jeunes fumeurs vont aller fumer aux endroits réservés, regroupés. Là, pareil, on tolère qu’ils ôtent leur masque, mettent la cigarette en bouche les mains non lavées…. bref autant de gestes non réfléchis pour répondre à l’objectif zéro contamination…

Je peux vous faire aussi un descriptif de ces enseignants qui, soucieux du respect des règles appliquent sur leur nez le masque qu’ils touchent à longueur de journée, pour ensuite toucher le clavier d’ordinateur, les poignées de porte, les feuilles qu’ils donnent aux élèves, contaminantes elles aussi, les stylos, les craies… Mon dieu, ce monde ne pourrait donc-t-il pas être stérile ??? C’est un vrai délire. Je regarde les gens s’agiter autour de moi au lycée, je les observe et je souris tristement, devant leurs mesures fatigantes autant qu’inutiles. J’en suis désolée car tout cela n’a aucun sens. Ça c’est pour ladite efficacité du masque dans les enceintes d’établissements d’enseignement. Et les jeunes qui ne respectent pas les mesures sont punis !!! Ceux qui n’ont pas peur d’être malades ont peur d’être punis. Renvoyés de l’établissement ! Et que faisons-nous du droit à l’éducation ??? Que penser de ces intimidations ? De ces pressions psychologiques ? Quels adultes sommes-nous pour imposer à des jeunes des comportements incohérents, sources de tensions ? Quel modèle donnons-nous ? Les distanciations de plus de 1 mètre : absolument impossible à respecter ; les établissements alors bricolent ; les chefs d’établissements sont coincés, ils essayent d’assurer une sécurité sanitaire, et parfois même en font beaucoup trop jusqu’à dépasser les mesures préconisées (masque en cours d’EPS, isolement des élèves pour qui le médecin préconise d’enlever le masque régulièrement pour que l’enfant puisse respirer).

Je vois de tout, j’entends de tout et énormément d’abus, de dérives. J’ai reçu des parents terrorisés à l’idée d’être atteints par le virus et de voir leur enfant mort. Des parents qui ne comprenaient plus rien des informations qu’ils entendaient, des parents qui mélangeaient tout, des parents qui se testent aussi à tout bout de champ…. J’ai dû aussi faire face au protocole qui voulait que chaque infirmière dresse la liste nominative des cas testés positifs, des cas suspects et des cas contact. Je me suis confrontée à ma hiérarchie et invoqué mon devoir de secret professionnel et refusé de dresser ces listes nominatives. J’ai rappelé que la loi de juin 2020 article 12 stipulait que seuls les médecins libéraux et de laboratoires devaient signaler aux ARS les noms des patients positifs et établir la liste des cas contacts. Or, les services académiques ont exigé d’avoir les noms des patients dits positifs. J’ai demandé à quelle fin, je n’ai jamais eu de réponse. Le prétexte de gérer le risque épidémique est infondé. Qu’est devenu le secret médical, fondamental aux droits de chaque citoyen ?

Je dois enfin souligner que la Gironde a été définie comme zone rouge en août. Au cours des 7 semaines d’école écoulées avant la Toussaint, je n’ai absolument rien observé en terme de signes épidémiques. 4 étudiants ont été dits positifs la première semaine de la rentrée et donc mis en quatorzaine. Un seul a été symptomatique. Leur contamination avait eu lieu avant la rentrée. Mes collègues infirmières des autres établissements du secteur ont pu également observer le calme plat d’une saison habituelle sur le plan infectieux. Il est à préciser que les établissements scolaires sont de véritables portails épidémiologiques et que chaque saison nous voyons passer les gastro-entérites et les grippes saisonnières et que le taux d’absentéisme est un révélateur d’épidémie indiscutable. Sur ce début d’année scolaire 2020/2021, rien, aucun signe. Alors où sont les malades qu’on nous annonce ? Il est évident que vu les conditions d’utilisation des masques, le non-respect des distanciations, le manque de lavages de mains, si épidémie catastrophique il y avait, les jeunes atteints auraient été nombreux, très nombreux. C’est facile à comprendre, à compter, et donc à en conclure que l’épidémie de la Covid 19 n’est pas ce que le gouvernement nous laisse entendre. Il nous a même été dit que grâce aux masques il n’y aurait plus de gastro-entérite. Mais si les gens réfléchissaient un peu, ils verraient que le masque est très mal utilisé, non conforme, et les lavages de mains pas suffisamment pratiqué. Et donc nous voyons des cas de gastro-entérites, classiques pour la saison, ainsi que des cas de rhino-pharyngites classiques aussi pour la saison. Bref la routine pour une infirmière scolaire, rien de plus, et surtout rien qui ne soit dramatique. Si les jeunes se refilent un rotavirus, ils se refileraient aussi bien un Covid…. Je précise aussi que je me renseigne pour avoir des indicateurs de gravité de cette épidémie et les secteurs de réanimation de Bordeaux et de Libourne ne sont absolument pas débordés. Jeudi 05 novembre, réa de Bordeaux: 52 lits, 35 occupés dont 15 par des patients de régions voisines. Ces chiffres ne nous donnent pas de détails sur le dossier médical du patient et encore moins s’il s’agit de patients dont le pronostic vital est engagé uniquement pour cause de Covid. Idem pour la réa de Libourne dont le taux d’occupation n’est pas total. En dehors de l’aspect sanitaire à lui seul, j’observe les impacts sur les jeunes dans le domaine du social et de l’enseignement. Beaucoup de jeunes ont peur, ils n’osent plus sortir entre amis, ne font plus de sport, n’ont plus leur volume d’enseignements normal et l’EN a même modifié les programmes pour que les jeunes ne soient pas pénalisés pour leur BAC. Mais ils seront pénalisés de par leur manque de connaissances, d’acquisitions. Leur maturité en sera entachée car coupés du monde social, leur estime de soi et leur confiance dégradées par la peur, la peur de tout, du virus : avaient-ils peur auparavant de se chopper la grippe ? avaient-ils peur avant d’aller se retrouver entre amis et faire la fête ? J’ai entendu des jeunes se faire exclure de leur groupe parce qu’ils refusaient de se faire tester. Quant à leur devenir post BAC, je suis pessimiste, car seuls les plus assidus, les mieux préparés et entourés pourront se raccrocher à un cursus d’études supérieures. Je ne parle même pas des apprentis qui ont du mal à trouver des entreprises car elles ne travaillent plus et donc n’embauchent plus. J’observe donc à mon échelle professionnelle tous les impacts des mesures sanitaires prises par ce gouvernement. Impacts sociaux, psychologiques, entre autres, et dont nous ne mesurons pas encore tout aujourd’hui car certains vont se révéler à moyen terme et long terme. Oui je suis très inquiète pour l’avenir de ces jeunes aujourd’hui. Je suis très inquiète pour notre système de santé qui est dysfonctionnant, qui délaisse des malades prétextant en soigner d’autres.

Je suis très inquiète face à toutes ces incohérences dont les jeunes ne sont pas dupes, mais qu’on nous demande à nous adultes, de leur faire appliquer. Je vais tous les jours au travail le ventre noué, non par peur d’un virus quel qu’il soit, car nous baignons dedans en permanence et c’est la vie, notre biotope. Mais parce que je ne suis plus en adéquation avec mes missions, qui sont la base de la santé : éduquer et informer les gens afin qu’ils préservent leur santé. Le métier d’infirmière n’est pas celui d’une simple exécutante. Nous avons des compétences qui nous permettent de faire des diagnostics, de proposer aux personnes des soins adaptés à leurs besoins, ces 14 besoins fondamentaux, selon Virginia Henderson, qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus faire respecter. Alors oui je suis très inquiète, et oui je m’engage aujourd’hui auprès de mes patients à continuer à les guider dans leurs choix de vie pour leur santé, à les conseiller en toute objectivité, à leur permettre de faire des choix éclairés afin qu’ils soient responsables de leur santé, en les écoutant, en les informant, en les éduquant. Alors, enfin, je mettrai tout en œuvre pour mener mes missions à bien. Je me ferai porte-parole de tous ces dysfonctionnements aberrants, dangereux et même mortels. Je souhaite que mes confrères infirmiers en fassent autant, ainsi que les médecins qui ont fait le serment d’Hippocrate. Qu’ils le respectent enfin et que cessent ces conflits d’intérêts.

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