Témoignage de :

Toute ressemblance avec…

7 décembre 2020

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Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite

 

Dans une autre vie, j'ai été coach en entreprise. Mon rôle était de coacher et aider les managers de secteur d'un réseau de distribution à atteindre leurs objectifs de vente. Ce job n'était sans doute pas d'une formidable utilité sociale mais m'a quand même permis d'en apprendre beaucoup sur le management, la gestion d'équipe et l'atteinte d'un objectif commun.
En tant que coachs, le pire « client » que nous rencontrions était celui que nous appelions entre nous le « manager suicide » : c'était un individu souvent jeune et dynamique, plutôt sûr de lui et de ses capacités en management et en communication, hyper motivé et convaincu qu'il ne ferait qu'une bouchée des objectifs de vente qu'on lui demandait. Il se pensait tout simplement le meilleur et le coaching n'était pas utile pour lui, selon lui. Il nous montrait le plan d'action parfait qu'il avait déjà mis sur pied et l’avait expliqué clairement à ses collaborateurs. Il nous conseillait donc d'utiliser notre temps à aider ceux qui en avaient besoin.
Comme c'est toujours agréable de ressentir l'utilité de son job... Nous nous en allions donc vers ceux qui faisaient appel à nous.
Puis quelques temps après, le boss nous appelait et nous demandait pourquoi les résultats ne décollaient pas dans le secteur du super-manager en question. Bonne question, boss...
Nous retournions proposer notre aide et nos conseils à notre ami. Là, il nous expliquait que si les résultats ne suivaient pas, c'est parce que ses collaborateurs ne faisaient pas ce qu'il leur demandait, soit parce qu'ils ne comprenaient pas, soit parce qu'ils étaient de mauvaise volonté !
Il allait donc reprogrammer une réunion pour clarifier ses attentes concrètes et donner un objectif individuel à chaque collaborateur avec sanctions à la clef s'il n'était pas atteint ! De la « pédagogie », il appelait ça...
Là, nous essayions de lui glisser une alternative du genre : « Peut-être que tes collaborateurs qui sont en contact avec le public ont aussi des idées pour améliorer les ventes... » ou « Peut-être qu'on pourrait s'inspirer de ce qui a été mis en place par ton collègue qui cartonne dans le secteur voisin...».
Non non. Le problème des collaborateurs, c'était leur manque de motivation et le collègue voisin qui obtenait de bons résultats, c'est parce qu'il avait un personnel moins réfractaire ou une clientèle moins virulente… Réponse à tout.
Une bonne remise au point assertive du plan d'action, un contrôle strict et des sanctions si besoin, et on allait voir ce qu'on allait voir… On finirait bien par aller les chercher ces objectifs !
Et nous repartions, dépités et inutiles...
Et plus le manager se faisait autoritaire et harcelant… et plus les collaborateurs étaient terrifiés et démotivés… et moins les résultats étaient encourageants…
Généralement, ça se terminait par un « manager-suicide », incapable d'écouter et de se remettre en question, qui se faisait virer la tête haute, persuadé qu'il avait pourtant fait tout ce qu'il fallait et laissant un secteur appauvri et un personnel au bord du burn-out.
À nous, ensuite, de nous retrousser les manches avec le suivant…

P.

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