Témoignage de :

Tu seras un homme mon fils

15 avril 2021

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J'aime particulièrement le poème de Rudyard Kipling « If » en Anglais et « Tu seras un homme, mon fils » en Français. Je le relis régulièrement et essaye d'en appliquer les enseignements dans l'éducation de mon fils. Un passage est particulièrement compliqué en ce moment :

« Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ; »

Que répondre à mon fils qui va rentrer au CP et qui me dit : « Tu ne laisseras personne me mettre un masque, pas vrai papa ? » ? Un NON dur mais sans rage ? Un NON certes brave mais que je sais bien imprudent ? Imprudent car donner sa parole à un enfant sans la tenir est une blessure gratuite infligée à son âme encore innocente ! Quelle bravoure appliquer aujourd'hui ? Quelle sagesse adopter ? Quelle dureté mettre en place ? Quelle rage contenir ?

Mon fils va faire 6 ans. Age qui, pour moi, signifiait qu'il apprendrait à lire, qu'il rentrerait à la « grande école » comme on dit. Aujourd'hui, cet âge est obstinément l'âge du passage au monde masqué, déshumanisé et austère ! Avec sa mère, nous l'avons protégé autant que faire se peut en l'informant mais en dédramatisant. Nous avons désamorcé les dissonances cognitives, voire même les injonctions paradoxales qui étaient inéluctables : « Papa, pourquoi on se lave les mains tout le temps s'il n'y a plus de virus ? » après le 1er confinement. En effet, nous avons fait le choix, à ce moment-là, de lui dire qu'il restait d'infimes miettes du virus. Mais d'autres enfants qui avaient des parents plus catastrophistes y jouaient également de leur symphonie à affoler les enfants qui n'avaient pas peur du virus. C'est aussi et surtout cela notre époque : la contagion de la peur. Les parents qui se font contaminer par les médias, qui contaminent leurs enfants, qui à leur tour contaminent les autres enfants : quelle bien triste chaîne de création de valeur ! C'est à un point où j'ai plusieurs fois surpris, lors de jeux, des enfants se battrent contre le covid comme nous nous battions nous contre Joker de Batman, Vegeta de Dragon Ball Z ou encore contre un dragon qui attaquait le château de la princesse...

Au-delà des dégâts psychologiques chez des enfants qu'on traite comme des porteurs potentiels de mort, il faut voir aussi les dégâts plus immédiatement visibles : l'état des mains des enfants qui se les lavent au moins 6 fois par jour à l'école. La moitié des enfants de la classe de mon fils avaient des mains extrêmement abîmées ! C'est donc bien avant le port du masque que nos enfants sont entraînés dans cette folle spirale de la méfiance généralisée dans laquelle nous baignons !

Même si cela reste encore gérable, pour ma femme et moi-même, nous arrivons encore à le préserver, je crains que le grand bain du CP et de son kit anti-émotions ne nous permette plus de l'épargner autant qu'il devrait l’être en tant qu'enfant. La croisée des chemins est arrivée mais je ferai tout, malgré tout, pour que tu sois un homme mon fils...

Mansour

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