Témoignage de :

Violence symbolique subie en classe : témoignage d’une enseignante

3 décembre 2021

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Vendredi matin 19 novembre 2021, très fatiguée, j'ai décidé d'enlever mon masque devant mes élèves de 6e en prenant soin de leur expliquer pourquoi je n'en pouvais plus de cette contrainte. En fin de matinée, une adulte (AESH) présente dans la classe m'a dénoncée et le directeur est donc venu éjecter de son cours la délinquante que j'étais... Mes jeunes élèves, assistant à la scène et dont l'esprit n'est pas encore formaté comme celui des adultes, ont été choqués, ont pleuré et m'ont défendue. Je les remercie vivement des messages de soutien qu'ils m'ont adressés ce week-end.

En effet, j'ai transgressé cette règle sanitaire du port du masque que nous subissons tous, adultes et élèves, depuis un an et demi. Pourquoi ? Parce-que j'estime que cette règle a dégradé les conditions de mon enseignement et d'apprentissage de mes élèves. Le propre du métier d'enseignant, c'est l'oralité.

  • Or, ce bâillon qu'est le masque empêche de respirer librement et de porter sa voix correctement pour être sûr d'être bien entendu et compris d'un jeune public.
  • Le visage biffé, toute une partie de la communication ne peut pas se faire...

Pour ces raisons, je pense que les enseignants devraient être dispensés du port du masque (comme le sont les présentateurs, journalistes ou invités télévisuels), surtout quand ils se tiennent à distance de leurs élèves.

Autres inconvénients :

  • Lorsqu'un élève prend la parole, très souvent, je suis obligée de le faire répéter parce-que les autres élèves et moi-même n'entendons pas ce qu'il dit.
  • J'ai 170 élèves en 6e (donc nouveaux au collège) que je ne vois qu'une à deux fois par semaine : masqués, je n'arrive toujours pas à les reconnaître, à savoir leurs prénoms à ce stade de l'année : ce qui anonymise la relation.
  • Et puis, il y a tous ces inconforts subis : irritations, boutons sur le visage, maux de tête... dont témoignent les élèves ou les enseignants, sur lesquels je ne m'attarderai pas.

Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, j'ose dire que le port du masque imposé dans les établissements scolaires est une mesure déshumanisante, non éthique.

Il est possible que je sois convoquée au rectorat, que je reçoive un blâme, que je sois suspendue ou radiée de l'Éducation nationale. Et certains s'en réjouiront peut-être. Mais je n'ai pas peur car mes actes sont guidés par des valeurs humanistes que j'essaie de mettre au-dessus de tout.

Actuellement, bien qu'en arrêt de travail car épuisée, j'aime à penser que ce n'est pas moi qui suis malade mais le système.

M.L.

« C'est pas parce-qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison. »

Coluche

P.S. : - Je n'en veux même pas à l'adulte présent dans la classe de m'avoir dénoncée, ni au directeur de m'avoir expulsée de mon cours car bien qu'ils en soient complices, je les considère aussi victimes de la gestion disproportionnée et inhumaine de cette crise sanitaire.

- Étant en arrêt de travail et non pas en télétravail, je ne saisirai aucune appréciation trimestrielle. Sur chaque bulletin de mes chers élèves, il y aura donc un blanc, une béance comme celle que représente le masque sur chaque visage.

 

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